Chevrette Nomade

Il y a un an

Il ne se passait rien...

Lundi 19 mai 2008 à 19:38

Il est ennuyeux, si on achète un livre de 1400 pages, même en collection de poche à 10€, d'avoir à se demander au bout des 100 premières pages si on ne s'est pas trompée et pourquoi diable ce bouquin a été primé en 2006 par un Goncourt !

Ce livre est écrit par un "Américain" ... mais rédigé en Français, car l'auteur Jonathan Littell, de mère française et de père Juif Polonais, a passé son enfance et son bac en France. Il avoue lui-même avoir "vomi" ces 1400 pages en ...112 jours ! D'où sans doute l'aspect souvent "lourdingue" du style, en français correct, mais sans plus. Narration souvent plate. Nombreuses digressions. C'est l'horreur de l'époque, la crudité du récit qui maintiennent le lecteur en haleine.
L'auteur connaît la guerre, pour avoir beaucoup travaillé 7 ans dans des ONG sur des sites de guerre (sa biographie ici) . L'écriture du roman s'appuie sur une documentation fouillée des archives nazies et de la guerre 1940-45 en Europe.
Un roman, oui, narration fictive par un officier SS de la sinistre aventure où, jeune étudiant brillant, il est embringué par la folie d'Hitler, comme lieutenant des terribles unités de "nettoyage" (Einsatzgruppen ) qui "purifiaient" le terrain après le passage des unités allemandes, dans les pays d'Europe Centrale.
"Purifier" consistait, en un premier temps, à repérer tous les hôpitaux de malades mentaux, handicapés de toutes sortes, ou centres d'enfants "anormaux", à en extraire les "pensionnaires" et à les  faire s'allonger en "sardines" (pour économiser de la place) au fond d'une fosse creusée à l'avance, puis à la faire arroser à la mitraillette, l'officier commandant de l'opération étant ensuite chargé d'achever la tâche en descendant au fond de la fosse pour "terminer" ceux qui remuaient encore d'un coup de revolver dans la nuque.
Cette première "purification" se poursuit par le repérage de tous les Juifs, tsiganes, homosexuels, que l'on regroupe, enfants, femmes, vieillards, sous prétexte de les protéger de populations environnantes souvent hostiles, afin de les attirer dans un guet-apens : mitraillage collectif, toujours dans des fosses (les camps d'extermination n'existent pas lors de cette invasion de l'Europe Centrale sur la route de la Russie).
Le récit nous est asséné à la première personne par le Dr Aue, officier SS : un intellectuel doué, passionné de littérature et philosophie, entouré d'officiers eux aussi souvent brillants. Pour eux, ce génocide n'est pas raciste, mais "patriotique" : il s'agit d'empêcher "préventivement" toute action de sabotage des troupes allemandes par l'arrière. Et cela systématiquement : culture et intelligence conjuguées pour l'annihilation des populations "à risque", hommes femmes et enfants. Une opération de salubrité militaire, menée froidement, sans états d'âme ! L'officier SS, nouveau héros allemand, doit sacrifier tout scrupule personnel, toute sentimentalité, au profit de la grande œuvre du Führer !
On sort, après la première partie, écœurée d'une série de récits aussi froids qu'immondes. D'autant que ce fameux Dr Aue a des problèmes psychologiques : enfant renié par sa mère, lui et sa sœur jumelle, avec laquelle il a eu, adolescent, une liaison incestueuse; névrosé, il vit en homosexuel clandestin (sinon ce serait le tribunal militaire et l'exécution) et son récit est émaillé de cauchemars.
Les "Bienveillantes", titre du livre, ce sont les fameuses déesses malveillantes d'Euripide : elles mènent le Dr Aue à son destin tragique de rouage docile dans l'immense mécanique de la Shoah. On en aurait presque pitié de lui, et non des victimes dont il dirige l'abattage. Peut-on être responsable, donc coupable, quand on est simple rouage social ? question philosophique et morale qui hante ce livre...
Je n'ai lu que 700 pages sur 1390. Si vous aimez l'horreur, celle-ci date de moins de 75 ans et est palpitante.... jusqu'à écœurement du lecteur, devenu presque voyeur morbide. Dans les 700 pages suivantes, le Dr Aue monte en grade et est l'un des responsables de la "solution finale" (les camps d'extermination). Je ne sais quand je lirais cette 2ème moitié du livre : besoin de "laisser décanter" ... la lie !
Pour plus de détails (ce livre en fourmille) voir l'article de Wikipédia ici
Ce livre est un piège étouffant : avant de le débuter, sachez que vous risquez d'y choir !
citation, p. 96 :
"Si l'on m'avait donné un Teilkommando, aurais-je pu, moi aussi, comme Nagel ou Häfner, organiser des rafles, faire creuser des fosses, aligner des condamnés, et crier « Feu ! » ? Oui, sans doute. Depuis mon enfance, j'étais hanté par la passion de l'absolu et du dépassement des limites ; maintenant, cette passion m'avait mené au bord des fosses communes de l'Ukraine. Ma pensée, je l'avais toujours voulue radicale ; or l'État, la Nation avaient aussi choisi le radical et l'absolu ; comment donc, juste à ce moment-là, tourner le dos, dire non, et préférer en fin de compte le confort des lois bourgeoises, l'assurance médiocre du contrat social ? C'était évidemment impossible. Et si la radicalité, c'était la radicalité de l'abîme, et si l'absolu se révélait être le mauvais absolu, il fallait néanmoins, de cela au moins j'étais intimement persuadé, les suivre jusqu'au bout, les yeux grands ouverts."
Par Le-VIOC le Lundi 19 mai 2008 à 23:25
toi tu as tout lu je suis sur ^^
à l'allure ou tu avales les mots
moi j'ai survolé ici seulement ^__^
gros 88
Par choufleur le Mardi 20 mai 2008 à 10:37
Concernant mes photos de Lyon, les deux ont été prises au niveau du quai St Antoine (j'ai cherché sur un plan pour faire cette déduction!)
Par toupie le Mardi 20 mai 2008 à 20:34
il y a des livres comme ça... aussi assomant que quand "on" en parle !
(blagounette)
Par Loudes le Mercredi 21 mai 2008 à 0:10
j'ai lu le resumé, il me semblait déja nul, alors je ne l'ai jamais lu.
Par contre je te conseil le bonheur des dames de zola (devoré en deux jours) ainsi que nana de zola toujours, le crime et chatiments de dostoeivski, tous les Adely (surtout "mon amour"), histoire de ma mort de je ne sais plus comment il s'apelle, et euh tu veux la liste des pièces de théâtre? :p
Par flocon le Mercredi 21 mai 2008 à 19:46
J'ai lu ce livre en entier.
Passionnant, terriblement prenant malgré sa longueur et le fait que Littell ne soit pas l'écrivain du siècle, mais alors ! Que d'immoralité, que de sang versé, rien ne nous est épargné.

Par contre, je ne suis pas d'accord avec le ressenti: je n'ai qu'extrêmement rarement ressenti de la compassion pour Aue. Enfin, je dis certainement cela parce que j'ai lu la fin... :p

Par kaze le Mercredi 21 mai 2008 à 19:58
Ouais ben avec ça....:P
Je pense pas que je m'y remettrais.
Par mamour44444 le Jeudi 22 mai 2008 à 5:54
si je savais ecrire comme jonathan littel............. moi le style m'a plu, je ne me suis jamais ennuyé, je n'ai jamais trouvé quoi que ce soit de disgressif
l'objectif de ce livre étant de se placer dans la tete d'un nazi "lamda" et de voir sa glissade vers l'enfer, la normalité se déplaçant de plus en plus
le sujet est dur, ardu mais la seconde guerre mondiale c'est quoi??
rien d'autre que des horreurs ( il le précise rapidement au début) des génocides, des crimes gratuits.........
le sujet est dérangeant, mais c'est la guerre!!
moi quand j'ai commencé à le lire.........plus pu m'arreter, meme si j'évitais de lire la dernière page avant de m'endormir
car c'est un livre qui te marque, qui te prend qui te chamboule
mais appeler ce livre de nul comme j'ai lu dans les comms..........euhhhhhhhhhhhhhhh
euhhhhhhhhhhhhhhhh
je me tais cela vaut mieux
comme à la cantine on ne dit pas c'est degeu.....on dit qu'on n'aime pas
ce que tu fais, toi
:)
j'arrete ou j'en ecrirai des pages ( au passage je ne suis pas d'accord du tout avec la critique de wikipedia........mais est ce que ceux qui ont ecrit ces critiques l'ont lu vraiment?? j'en doute un livre qui a le prix goncourt ne s'attaque pas sur le style)
Par que-vent-emporte le Jeudi 22 mai 2008 à 13:27
Quand j'ai vu que tu te préparais à lire ce livre, je me suis demandé si tu arriverais jusqu'au bout. Je suis d'accord avec toi. Il y a un moment où il faut avoir la lucidité de s'arrêter.
Une petite info en passant : sais-tu quelle est la catégorie professionnelle qui a fourni le plus d'adhérents au parti nazi ?
Réponse : les médecins.
Par lacassepied le Jeudi 22 mai 2008 à 21:59
J'ai attendu qu'il sorte en poche... parce que bon quand même les livres c'est un vrai budget ! Et bien heureusement ! Tellement déçue... Certes il y a un travail de recherche, une précision infinie, mais ... OUF pour des profanes c'est indigeste ! J'ai craqué et je ne l'ai pas encore terminé ! Pour le moment je lis un livre écrit en anglais pourri et traduit en français pourri... presque aussi dur que de lire les Bienveillantes !
Par laptitesandrou le Dimanche 25 mai 2008 à 18:12
Par laptitesandrou le Dimanche 25 mai 2008 à 18:15
oh la boulette ! Désolée pour le com vide ! -_-"

Je voulais dire...tu as vraiment du courage de t'attaquer à ce pavé ; je ne sais pas si j'en aurais autant même si j'adore lire. Le livre parait vraiment très dur comme tu en parles, je crois que c'est ça qui me bloque. Je me souviens d'un livre sur un SS de Robert Merlen h'avais 13 ans quand je l'ai lu...et ça m'a choquée. Je crois que là, je serais cent fois pire traumatisée.

Quelle horreur cette guerre...la Première, comme la Seconde, comme toutes celles qui nous encombrent...
 

crottes de chevrette

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