Lui : jeune baroudeur, issu d'une école de marine, bricoleur et débrouillard en diable, peu "causant" comme semble-t-il bien des gens du Finistère d'où est originaire sa famille, mais qui vous regarde droit dans les yeux et vous juge à vos actes, pas à vos paroles. Il gagne sa vie, entre autres, en amenant des beaux yachts à leur port d'attache, quand leur propriétaire est occupé ailleurs... Je l'appellerai N.
Elle, ma cousine, la mariée : comme moi petite dernière d'une fratrie de 4 garçons, qui a choisi les lettres et non les maths, école de journalisme, 28 ans. "globetrotteuse" qui a roulé sa bosse dans le monde, et, en tant que journaliste "freelance", s'est déjà fait un nom à la télé et à la radio, tout en obtenant des prix pour certains de ses articles. Son prénom débute par V.
Ils se sont connus, il y a 5 ans, sur le voilier 3 mâts "Le Bel Espoir", où ils faisaient un stage de bénévolat. Il y a 6 mois ils ont décidé de s'installer ensemble, à Brest.
Le mariage a été fêté à l'entrée de l'Aber-Wrac'h, pointe Ste Marguerite, à 10 mètres des rochers et plages de l'Atlantique sur le terrain de l'association AJD, propriétaire du Bel Espoir (rendu célèbre par l'émission Thalassa) et d'un autre 3-mâts. L'association AJD aide les jeunes "en galère" ; ses "moyens" : 2 vieux voiliers transatlantiques qui naviguent du Finistère à l'Amérique du Sud, un Centre de formation aux métiers de la mer , un centre "logistique" avec "bureau" (une baraque en bois et tôle ondulée !) et des ordinateurs (qui permettent entre autres le "suivi satellite" des bateaux)... mais surtout beaucoup de jeunes bénévoles et d'amitiés, à ce que j'ai pu observer en 6 jours de présence sur place ! (De toute manière, vous tapez sur Google "Bel Espoir" et vous savez tout !)
On voyait de temps à autre le fondateur de l'assoc, le Père Jaouen, colosse de 92 ans à la voix éraillée et puissante, en vieux chandail et jean : chêne que l'âge abat peu à peu (il ne lit plus qu'avec une loupe et entend mal). Il traînait la patte sur son terrain (un hectare nu et "cabossé", 2 baraques en bois, quelques caravanes ou tentes, 2 anciennes remorques de camion-frigo...) et nous encourageait en annonçant avec son large sourire une météo sans problème. On a monté la tente louée pour le "banquet" (30 mètres/10) sur la seule partie "plate" du terrain.
Le phare de l'île Vierge,(plus haut phare d'Europe, 82.50 m.), à 2kms en face de nous, envoyait son éclair blanc toutes les 5 secondes, sauf la dernière nuit de brume intense : un son puissant et un peu angoissant de corne de brume au lieu de l'éclair
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N. et V. ont voulu organisé eux-même leur mariage dans le moindre détail, les parents n'ayant pas leur mot à dire ! Déco, musique, menu du repas, robe de mariée, fleurs, tout avait été minutieusement pensé... et en grande partie "fabriqué" sur place ! On s'est ainsi retrouvées, toutes les filles présentes, mobilisées pour faire des fleurs de crêpon, bouquets et guirlandes, placer chaises et vaisselle (louées), décorer les tables, d'abord 10 petites mains, puis 30 selon les dates d'arrivée des uns ou des autres : joyeuse ambiance où se côtoyaient le Finistére, le Lot, Versailles, Paris et Lyon, mais aussi le Canada et tout un orchestre venu d'Irlande... et même une chinoise venue exprès de Chine !
On dormait "chez l'habitant" (chambres louées) ou sous tente et dans les caravanes sur le terrain. Le "carrosse" des mariées fut une vieille "dodoche" blanche prêtée par des amis, et tout à l'avenant ! Le soir, à 2 reprises, je suis allée déguster avec les autres des bières du port de l'AberBrac`h, à 1 km de notre terrain.
Il y a eu le Mercredi de mon arrivée "pot de bières" au café du port, le lendemain Jeudi mariage civil à Brest (et "repot"), le Vendredi montage de la tente et des tables + chaises + décos + sono + lampions, le Samedi matin mise en place des couverts et verres, puis, après une pause sandwich-midi, tout le monde est disparu pour "s'habiller" en différents endroits (on avait prévu une "maison des filles" pour nos toilettes, coiffage, maquillages !), le mariage à l'église de Landéda ayant lieu à 16h. : miracle de "l'auto-organisation", la mariée en superbe roble blanche toute simple ("silhouettée" par elle-même au crayon, mais cousue par une couturière d'un village voisin) sans voile ni chapeau, s'est présentée "à l'heure-pile" sous le porche de l'église (la "sacristaine" de l'église en était toute surprise).
On a eu une chance folle : pas une goutte de pluie entre le Mercredi et le Lundi... Le Samedi après l'église, de retour sur le terrain, flûtes de champagne à la main, nous avons même pu guetter le fameux "rayon vert" (clique) qui marque le coucher de soleil en mer : certain(e)s l'ont vu... mais pas moi (j'aurais sans doute dû boire 2 flûtes de champagne, au lieu d'une seule !). Même le Dimanche et le Lundi, nous avons pu tout ranger et "démonter" sur le "sec" (mais dans la brume !).
Le lendemain du mariage, Dimanche après-midi, j'ai pu profiter d'une place dans la voiture du père de la mariée, mon oncle, pour aller voir le site de Kerlouan, la côte des Légendes et Brigognan-place : splendide pays où les rochers semblent pousser au milieu des maisons, et où chapelles et phares semblent, eux, jaillir des rochers (voir ici )
Contrainte "bagagesque" d'EasyJet oblige, je n'avais pu emmener mon appareil photo. Pas grave : ce fut un beau mariage, et nous étions tous ravis... crevés mais heureux ! Je crois que j'ai dû faire, en 5 jours, près de 30 kms à pied sur les sentiers côtiers ou petites routes du coin, n'ayant pas trouvé de vélo !
N'empêche : un mariage c'est vraiment tout un tralala ! J'ai beaucoup admiré elle, la "bride" (la mariée en anglais), ma cousine, en short encore 4 heures avant son mariage, super-organisatrice, accueillant chacun avec effusion, manageant son "personnel" (nous ses amis), pensant à chaque détail, toujours avec le sourire, dormant dans une caravane vieillotte les 5 jours qu'ont duré les préparatifs du mariage, puis le "démontage et nettoyage" du terrain,.Le dernier jour, elle a quand même "craqué" de fatigue mais déjà, du haut de ses 1m59, quelle maîtresse bout de femme,! Ravie qu'elle m'ait invitée, malgré que je sois depuis 5 ans si loin de France et qu'on ne se voit donc que quelques fois en été !
Après cette semaine de rêve, la réalité me rattrape
et je pense que mon prochain article sera rédigé depuis le Québec
et je pense que mon prochain article sera rédigé depuis le Québec