Hier, Lundi férié, "Journée des patriotes" au Québec, instaurée il y a 9 ans
(pour moi, il compense le "Lundi de Pentecôte", pas férié ici ! )
Commémoration d'une période de "révolte" des québécois contre des décisions venues de Londres.
Ce matin, je pars pour une semaine de collecte d'échantillons d'eau, contrôle des pollutions éventuelles après les inondations et pluies de ce mois de Mai. Je m'interroge parfois sur les insuffisances de ce travail. L'ennemi du Québec, aujourd'hui, ce n'est plus Londres, mais la colonisation de l'eau québécoise par des trusts pétroliers ou "gaziers" à capitaux internationaux.
Un article intéressant vient de paraître aux USA, dans une publication de l'Académie des Sciences US (
ici)
Les chercheurs ont analysé des échantillons d'eau pris dans 60 puits d'eau potable dans des régions des USA où l'industrie pétrolière exploite les gaz de schiste par "
fracturation hydraulique".
Rappelons que cette "fracturation hydraulique" consiste en la fracturation des poches de gaz par injection d'un liquide constitué d'eau et d'additifs, dont certains peuvent être toxiques. Chaque puits peut être fracturé plusieurs dizaines de fois, chaque fracturation consomme entre 7 et 28 millions de litres d'eau en partie seulement récupérable.
51 puits sur 60, soit 85% des puits analysés aux US, contiennent du méthane, à une dose 17 fois plus élevée en moyenne que dans l'eau des puits provenant de régions où les pétroliers n'ont pas de forages.Dans un cas au moins, le méthane existait dans l'eau à 68 mg par litre
(donc 68g. par m3) : risque d'explosion !
(le gaz dans l'eau, c'est dangereux ! lire l'accident du lac Nyos, 1800 morts, au Cameroun ici )
L'inquiétant, c'est d'abord que le méthane se répande ainsi dans les nappes phréatiques suite au processus de recherche du gaz par "fracturation hydraulique" Mais surtout,
plus de 500 produits (dont certains cancérigènes avérés) sont "injectés" avec l'eau chaude pour "fracturer" les terrains et "dissoudre" les roches, donc sont présents dans les nappes d'eau qui alimentent les puits...
Les compagnies gazières ou pétrolières refusent d'en donner la liste complète, au nom du secret industriel !!!
Donc aucune étude possible des impacts éventuels sur la santé des êtres vivants, animaux et plantes réunis !
Dans le laboratoire d'études où je travaille, sans la description des produits "injectés", il est bien difficile de déceler quoi que ce soit. Chromatographie ou spectrométrie ne peuvent en effet trouver que des "éléments traces" complexes ! On ne peut identifier un produit "fabriqué" dont on ne connait pas la structure physico-chimique !
En même temps, les "gazières" accusent de
"terrorisme écologique" ceux qui osent dénoncer la pollution des nappes phréatiques !
Premier visé, Josh Fox qui alerta les Etats-Unis en enflammant avec un briquet de l'eau à la sortie du robinet .
ICI (une minute vidéo)
Son film choc dénonciateur
"Gasland" est visible en partie
ici (14 minutes) La France a interdit,
POUR LE MOMENT, la recherche par "fracturation hydraulique"
(du provisoire avant élections ?).
Au Québec, la question est en débat, mais risque fort d'être résolue en faveur des lobbys de l'énergie.
Le gouvernement Harper , qui vient d'être réélu, est "libéral" et favorable aux lobbys
Aux USA, c'est sûr, le mal est déjà fait ! lacs, fleuves, puits pollués, eaux imbuvables !
le PDG du groupe industriel ABB, spécialisé dans les technologies de l'énergie et de l'automation, définit la stratégie libérale ainsi :
«Je définirais la globalisation comme la liberté pour mon groupe d'investir où il veut,
le temps qu'il veut, pour produire ce qu'il veut, en s'approvisionnant et en vendant où il veut,
et en ayant à supporter le moins de contraintes possibles
en matière de droit du travail et de conventions sociales»
Devant des déclarations si "arrogantes", on ne peut que réagir !
A qui appartient l'eau sur terre ?
aux firmes qui veulent faire des profits à court terme ? ou à la terre et ceux qui l'habitent ?
Peut-être la "Journée des Patriotes", au Québec ou ailleurs, pourrait-elle prendre un nouveau sens !
Pour moi, "tuer" l'eau, c'est tout simplement tuer la vie sur terre !
Devenir "terroriste écologique", alors un devoir, pas une tare...
au nom de mes enfants, si j'en ai un jour !