Vendredi 5 août 2011 à 19:38
J'ai été rendre visite à "Mado" avant-hier... Mado est une très vieille demoiselle (89 ans) qui me gardait petite et me tricotait encore des pulls il y a 9 ans. Voisine de mon quartier. Il y a deux mois, elle est tombée sur le carrelage,chez elle et, frêle comme une allumette, s'est cassée le bras et l'épaule. C'est une assistante de vie qui l'a trouvée, heureusement !
J'ai dû beaucoup tourner dans l'hopital gériatrique où, transportée en urgence par les pompiers, elle a été amenée.
"Bâtiment B 3ème étage, ch. 314" m'a dit la dame de l'accueil.... mais il y a 3 chambres 314 à ce troisième étage... Finalement, elle n'était pas dans sa chambre, mais chez le kiné, un étage en dessous...J'ai fini par trouver cette salle de Kiné, suis rentrée, et ai eu peine à reconnaître Mado, assise, ses cheveux blancs en filasse tombant sur ses épaules, elle qui essaie tant d'être coquette. Le temps qu'elle me reconnaisse et que je l'embrasse, j'ai été virée du service kiné et priée d'attendre ... "20 minutes", m'a affirmé la kiné... En fait, entre les allées-venues incessantes dans ce couloir à l'entrée de la salle kiné, j'ai attendu 3/4 d'h.... et Mado, une fois que nous avons pu causer tranquillement dans sa chambre (à 2 lits), m'a confié qu'avant mon arrivée, elle attendait déjà depuis 30 minutes. Soit une heure et quart pour 20 minutes de flexion et massage de son bras ! Je ne vais pas parler de "maltraitance", car tous les membres de personnel que j'ai vus étaient aimables et gentils... mais il est évident qu'une personne âgée ne peut qu'être perdue et sans doute "traitée" à la chaîne dans cet immense institution, aux couloirs interminables, où, malgré mes 20 ans, je me suis perdue 3 fois en une demie-heure !
Quand au bout d'une heure j'ai quitté Mado, elle me disait en pleurant :
"Mais à quoi je sers encore ? Je ne suis bonne qu'à embêter les autres ! J'aurais préféré rester par terre dans mon appartement et je serais morte !".
Cette après-midi, Mado est rentrée dans son petit 3 pièces, ramenée par une ambulance, après 2 mois d'absence. Elle habite au 4ème étage, et il n'y a pas d'ascenseur dans son immeuble. Rien que des marches en "granito" lisse et une rampe pour s'agripper d'un seul côté. Heureusement, le fils de son ancien amant et sa femme se font un devoir de l'aider. La télé ne marche plus depuis le passage à la TNT. Un voisin du rez-de-chaussée lui fera ses courses si besoin. La solitude des personnes âgées, un mois d'Août en grande ville, est à faire pleurer. Je lui ai promis de passer la revoir demain. J'amènerai une brosse et des ciseaux (elle ne peut plus retourner ses bras en arrière pour démêler ses cheveux).