Quand le "dégel" de printemps a un goût amer pour les étudiants Canadiens.
Les étudiants protestent ont manifesté hier contre la hausse des inscriptions aux Universités, "gelées" jusqu'ici.Dans un français douteux, les journaux d'aujourd'hui écrivent : "Les leaders étudiants sont mieux de s'y faire. Le gouvernement minoritaire libéral et l'opposition officielle s'entendent sur un dégel les droits de scolarité, dégel inclus dans leurs promesses électorales."
Ce sont les "libéraux" qui, en gros, ont gagné les élections au Québec. "Libéraux" se traduirait en France par "droite". Et l'argument est asséné clairement : " On pense que c'est une chose fort raisonnable à faire de dégeler les frais de scolarité, fort responsable ! On doit financer nos institutions d'enseignement supérieur davantage collectivement, mais les étudiants doivent aussi y participer. »
Ceci dit, au moins il faut reconnaître que les élus ici annoncent ce qu'ils vont faire... alors qu'en France, sur ces points aussi sensibles qui risquent de mettre les étudiants dans la rue, nos présidentiables sont muets...
Les frais d'accès à l'Université étaient "gelés" (d'où l'expression "dégel") à 1688$Ca (1093€) par an depuis 1994 .
Les recteurs de 3 des plus grandes universités se sont prononcés en faveur du dégel des frais. Leur but: rejoindre la moyenne canadienne, qui se situe à 4643$Ca (3000€) .
Malgré la manif d'hier, il semble bien que les dés soient jetés.
Cette question du coût des études supérieures, dans un monde où il faut acquérir des diplômes entre 18 et 25 ans, est un problème mondial. En Finlande, Suède, Norvège, l'accès à l'université est gratuit ou presque. Mais l'Angleterre en 2006 a triplé les frais d'inscription sans baisse du nombre d'étudiants. L'Allemagne a vu l'an passé des manif étudiantes monstres à cause de l'augmentation des droits par les "Landers" (provinces), etc...(lire ici pour d'autres pays)
Les Etats essaient de refiler ce bébé coûteux et risqué que sont les universités (rien de pire pour un gouvernement que les manif étudiantes !) soit aux Provinces (en France, traduire "Régions"), soit en favorisant l'émergence d'Universités privées.... ce qui aboutit à des Universités réclamant des sommes astronomiques. Le cas le plus récent étant l'Université de Washington (ville du Président !) qui vient d'annoncer pour l'an prochain des droits d'inscription à 12000 US$ (±10000€) non compris les frais de scolarité.
Plusieurs des étudiants USA de l'Université où je me trouve actuellement sont venus parce les études sont nettement moins chères au Canada qu'aux USA ! D'autant qu'aux "tuition fees" (droits d'inscription) s'ajoutent logement et nourriture, inscriptions aux différents "crédits" (matières), aux examens, achat de multiples "textbooks" (= manuels, le cours du prof qu'il faut avoir lu avant de venir en amphi, sinon gare à l'interrogation orale surprise devant tout le groupe !) souvent chers.
Bref, le porte-monnaie de l'étudiant ici se vide vite et doit se remplir, ce qui explique que nombre d'étudiants font "double-journée", 1 journée d'étude et 1 journée pour gagner de l'argent. Heureusement, on trouve facilement du travail : le pays manque de main-d'oeuvre...