Chevrette Nomade

Il y a un an

Il ne se passait rien...

Dimanche 30 août 2009 à 22:19

1er Dimanche sur le campus... Demain, je découvre mon nouveau bâtiment de cours...
et mes profs (je n'en connais qu'un, celui qui m'a accepté en "master").
Tout à l'heure, je vais à une pièce de théâtre un peu spéciale au "Redpath Museum", bâtiment du campus (gratuite)
Jouée (performed) par le "Vancouver’s Electric Company Theatre", un groupe sponsorisé, comme le nom le suggère, par la firme qui alimente Vancouver en électricité (le financement par les entreprises, ou les "donations", un fait courant en Amérique du Nord).
Cette compagnie mêle jeu d'acteurs, projections vidéo et pièces musicales pour les pièces qu'elle monte. Elle est aussi connue pour son théâtre de rue.
http://maud96.cowblog.fr/images/foetus.jpg"The score" est le nom de la pièce (déjà primée il y a 2 ans) de ce soir.
Peu importe d'ailleurs la compagnie ou la pièce : c'est le thème qui m'intéresse.
Un brillant chercheur cancérologue est sur le point de découvrir le gène qui, au sein de la complexité du génome humain, laisse porte ouverte au cancer... et le moyen de repérer, chez les individus, qui possède ou non dans ses chromosomes, ce gène menaçant.
La pièce se passe dans le laboratoire de recherche...
Que fera-t-on de cette découverte ?
La chance de "débarrasser" l'humanité toute entière de la menace du cancer... Bien sûr, il faudra sans doute dans le monde entier vérifier le génome de tout embryon humain..., trier, sans doute tuer des millions de petits foetus humains suspects... Des avortements eugéniques en masse...
Débats, surtout quand on sait que les dernières avancées montrent l'important des rétrovirus pour faire évoluer et améliorer les espèces... Hitler voulait déjà une race aryenne pure.
La science avance à la vitesse d'un TGV... les morales publiques ou privées, elles, balbutient, hésitent !
Aux USA, des labos privés de génie génétique vous vendent très cher, et garanti, la couleur des yeux de votre enfant !
En toute légalité... et en dehors de toute moralité. Mais le dollar est amoral.

 
Par ame-voyageuse le Dimanche 30 août 2009 à 23:11
je dépose la première crotte, au gras tas de merde qui s'annonce! =) c'est un sujet qui donne à réflexion. J'espère que sa va te plaire, bonne soirée!
Par TGS le Lundi 31 août 2009 à 0:48
Sujet vraiment très intéressant. Si mes souvenirs sont bons, la constitution américaine possédait une version étasunienne du principe de précaution. Je ne sais pour le Canada, mais ce atout juridique est beaucoup moins usité qu'en France ou qu'en Europe.
Par monochrome.dream le Lundi 31 août 2009 à 9:57
La science et l'éthique, c'est pourtant l'envers et le revers d'une même chose. Et te revoilà plongée dans le bain... Soirée enrichissant, j'espère. :)
Bonne reprise !
Par que-vent-emporte le Lundi 31 août 2009 à 14:01
Et c'est reparti pour un tour. Etrange : je reviens pile le jour où tu reprends le marathon annuel.Merci pour ton com !
A propos de ton article, j'ai lu dans "L'hygiène de la race" de Paul Wendling, éd. La Découverte, p. 22, que la catégorie professionnelle comptant le plus gros pourcentage d'adhérents au parti nazi avait été celle... des médecins.
Par MlleMarquise le Lundi 31 août 2009 à 18:54
Vaste sujet... Ca me fait penser à un livre que j'ai lu il n'y a pas si longtemps : "Génétiquement incorrect", du journaliste Nicolas Journet. Il discute justement les progrès de la science, et plus particulièrement la limite entre l'éradication des maladies génétiques et l'eugénisme. Lui-même est atteint d'un syndrome de Marfan (et j'avoue que c'est ce qui a attiré mon attention en premier), et son bouquin n'est pas mal. Bien sûr, il vulgarise sans doute beaucoup de choses, mais ce sujet est tellement riche et controversé qu'il serait difficile d'en faire le tour en quelques centaines de pages, et puis moi qui ne suis pas une lumière en science, ça m'a permis de suivre son discours quand même ! En tout cas, cette pièce a l'air très intéressante, alors je te souhaite une bonne soirée ! :)
Par yaqov-eleutherion le Mercredi 2 septembre 2009 à 17:51
Dépistage du cancer in utero… Belle perspective. Certes le risque de dérive existe, mais je trouve que le parallèle tracé avec les labos US (évoqués en dernière phrase) ou Adolf Hitler est un peu abusif.

Trop de gens hurlent au nazisme dès qu’on évoque les éliminations embryologiques qui obéissent à des raisons sanitaires : cette position me paraît reposer sur une certaine confusion de pensée… Je m’oppose bien évidemment à l’extermination de toute personne souffrant de handicaps (je préfère le souligner dès maintenant pour éviter les contresens), mais vaut-il mieux que des enfants cancéreux ou trisomiques viennent au monde en masse, ou vaut-il mieux qu’on empêche ce fait de survenir avant que le tas de cellules qu’on appelle «embryon» ne devienne une personne et ne développe une conscience, une identité ? Je suis plutôt partisan de la seconde solution, quand bien même devrais-je essuyer les critiques de tous les lobbies chrétiens et kantiens, au prétexte théologique que « l’Âme est là dès la conception ».

L’eugénisme nazi ne reposait sur aucun motif sanitaire : la race aryenne était une chimère mythologique. Quant aux laboratoires étasuniens qui permettent de programmer la couleur des yeux des bébés, c’est là une science qui est encore à l’état embryonnaire (aha). Et c’est sans compter que leurs motifs sont de simples caprices esthétiques, et non des motifs sanitaires lourds de conséquences matérielles et morales. Comparer l’élimination des maladies in utero à de l’eugénisme esthétique ou racial, c’est confondre des questions de santé avec des motifs de goût (les premières étant bien plus justifiées que les seconds).
Par lancien le Mercredi 2 septembre 2009 à 18:15
C'est vrai que toute avancée scientifique peut avoir des conséquences néfastes selon qui et comment on s'en sert. Après tout l'électricité a bien amené la chaise électrique aux USA !
Cela dit je pense que dans le cas de la pièce, ils sont en retrd d'une guerre, car on pourra grâce à l'épigénétique bloquer certains gênes pour qu'ils ne se manifestent pas ensuite, sans pour autant être onbligé de faire disparaitre le foetus.
Mais c'est vrai qu'il y a toujours le souvenir des "grands ariens blonds" d'Hitler et il faudrait bien une règlementation mondiale dans ce domaine épineux de l'utilisation du génome.Mais je pense comme toi qu'il vaudrait mieux éviter que des enfants vraiment anormaux ne viennent au monde car ils seront malheureux et une charge pour leurs parents et la société.
Par maud96 le Mercredi 2 septembre 2009 à 18:55
Merci pour ce commentaire très "réfléchi". L'avortement est un problème beaucoup plus sensible aux USA, pays par ailleurs "pilote" pour ce qui est de toute amélioration prothétique de leurs contemporains, pour motifs esthétiques ou thérapeutiques (les techniques sont souvent proches) Si je parle des "yeux bleus", c'est parce qu'il s'agit alors d'un tri génétique, et pas seulement d'opération "prothétique".
J'ai écrit cet article avant de voir la pièce. Mais, même si elle n'évoque pas Hitler et la pureté de la race, il s'agit bien d'un rêve de chercheur qui approche de la purification de l'humanité toute entière, d'un idéal d'homme "pur" de tout vecteur génétique "déviant". Je suis sensible au problème car si un tel "tri" embryonnaire sévissait, je ne serais pas née (syndrôme de Marfan), ni Abraham Lincoln, Charles de Gaulle, Paganini, Rachmaninov et tant d'autres (je ne me compare pas à eux évidemment !).
C'est la première fois dans l'histoire que l'homme, à travers les manipulations génétiques, peut faire évoluer son capital génétique. On peut quand même s'en inquiéter. La France est très prudente. Les pays anglo-saxons, plus empiriques, sont prêts à "foncer" pourvu que "çà marche"... et que çà "gagne" (make money !). Mais on peut craindre que la motivation thérapeutique de départ ne cède vite le pas à d'autres motivations plus suspectes.
Je te laisse la paternité de l'expression "le tas de cellules qu’on appelle «embryon»". Et pourtant je ne crois pas appartenir à aucun des lobbies chrétiens ni "kantiens" (ces derniers, tu es sûr que çà existe ?)
Par ame-voyageuse le Mercredi 2 septembre 2009 à 19:03
hééé la vidéo youtube je l'ai vu c'est une emission qui est passé un soir sur la 2, suivant la grossesse d'une femme italienne qui travaille avec les dauphins, magnifique emission!!
Par yaqov-eleutherion le Jeudi 3 septembre 2009 à 0:57
La règle bioéthique qui interdit le clonage parce qu’elle interdit la chosification du vivant (qui « doit être considéré comme fin et non comme moyen ») est typiquement kantienne. J’avoue ne pas savoir s’il existe à proprement parler des lobbies kantiens (j’ai parlé très vite dans mon précédent commentaire), par contre les prises de position kantienne existent en éthique : on considère que s’y inscrit toute personne estimant notamment que la vie doit être préservée dès la conception et inconditionnellement. En France, les cinq membres permanents du "Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé", nommés par le Président de la République, représentent les cinq grandes écoles éthiques : judaïsme (H. Korsia), islam (A. Benmakhlouf), catholicisme (X. Lacroix), protestantisme (O. Abel), et kantisme (B. Kriegel) – le kantisme apparaissant à côté des grands monothéismes comme une espèce d’éthique "laïcisée".

L’idée de savoir à partir de quel stade gestationnaire on a affaire à une personne est une question très complexe. Certains considèrent que c’est le cas dès la conception et s’opposent donc à l’avortement, tandis que d’autres prônent la plus grande liberté par rapport à l’IVG du fait qu’ils estiment que tant que la naissance n’est pas arrivée, on peut se débarrasser de l’enfant à tout moment sans que cela constitue un «meurtre» (puisqu’aussi longtemps qu’il n’est qu’un prolongement du corps de la mère via le cordon ombilical, il est une chose et non un être – c’est du moins leur argumentaire). Je considère pour ma part qu’un embryon n’est pas une personne (contrairement au fœtus), rejoignant par là les législations bioéthiques de la plupart des pays latins. Le critère est le suivant (évidemment discutable) : les cellules en présence ne constituent pas un organisme en tant que tel et ne sont pas différenciées (contrairement à ce qui se produit au stade fœtal), d’où les recherches polyvalentes qu’elles permettent ("cellules-souches")... Ces expériences, effectuées à partir d’embryons surnuméraires, permettent d’ailleurs des miracles pour régénérer des tissus, voire pour soigner Alzheimer, Parkinson ou la leucémie...

Tu dis être « sensible au problème car si un tel tri embryonnaire sévissait, je ne serais pas née, ni Abraham Lincoln, etc. » Lincoln et consorts n’auraient donc jamais vu le jour... Devrait-on le regretter ? Plus fondamentalement : "pourrait"-on seulement le regretter ? On ne souffre du manque que quand on a eu la chose et qu’on en a été privé, mais pas le moins du monde dans le cas contraire. Considérons le monde actuel et essayons d’imaginer l’ensemble des possibles non réalisés : à combien s’élève le nombre de tous les grands hommes éventuels qui auraient pu transformer l’humanité et qui ont été comme "écartés avant-coup" de cette voie du fait de n’être jamais "passés à l’existence" ? Des centaines, des milliers peut-être. Virtualités inaccessibles... On peut aussi s’interroger sur le nombre de monstres qui auraient pu tout avoir détruit depuis longtemps. Le monde d’aujourd’hui n’en suit pas moins son cours, traçant une voie qui ne préexiste pas au voyage… On peut s’égarer intellectuellement dans les possibles ; cependant l’interrogation éthique, c’est « Que faire pour l’avenir ? » et non « Que serait-il arrivé si dans le passé nous avions… ? » (cette dernière question ne peut mener qu’à l’immobilisme et à l’attentisme puisque sa réponse renverrait nécessairement à l’idée d’un monde alternatif, qui diffèrerait de ce monde présent, de ce monde qui nous tient tant à cœur puisqu’il s’agit du nôtre). Et d’un autre côté, « la pensée de ma mort ne provoque pas de souci cas quand je suis, elle n’est pas, et quand elle est, je ne suis plus » (maxime stoïcienne qui m’a traversé l’esprit en lisant ta réponse) : je comprends que se dire « si c’était arrivé alors je ne serais pas née » soit chose angoissante, mais il est clair dans mon esprit que si mon existence même n’avait pas été rendue possible, nul regret de celle-ci ne serait non plus possible. J’aurais été comme mort avant coup : je n’aurais pas été, comme tous les grands hommes et tous les monstres qu’on peut imaginer flottant dans les possibles non réalisés de l’Histoire.

Enfin, je ne fait que m’amuser en disant ça. ^^ J’y ai vu un prétexte pour parler métaphysique (je suis étudiant en philo et les questions du temps, du possible, du réel et du virtuel font partie de mes sujets de réflexion favoris). J’ai bien compris qu’étant toi-même atteinte d’une maladie génétique, l’idée d’élimination prénatale des "tarés" potentiels (j’emploie un terme abusif à dessein) t’évoquait l’idée de rejet – qui t’indispose au demeurant de façon assez compréhensible.
Par yaqov-eleutherion le Jeudi 3 septembre 2009 à 0:59
Mon second paragraphe est malvenu, je me suis laissé emporté par ma plume. Et désolé pour un tel délayage.
Par Down2Earth le Jeudi 3 septembre 2009 à 3:25
Tout ceci me paraît fort intéressant! Bonne pièce de théâtre!
Bienvenue au Canada encore une fois et de très belles études! =)
Par maud96 le Jeudi 3 septembre 2009 à 12:00
Je suis abonnée au site Twitter qui tient à jour les dernières avancées en Epigenetique (http://twitter.com/Epigenetique). Ce qui me frappe, c'est qu'il s'agit toujours de processus d'acquisition (d'ordre culturel ou environnementaux) lents... et surtout que cela pose le pbm de l'hérédité des caractères acquis (en coupant la queue des souris sur plusieurs générations, créera-t-on une race de souris à queue courte ?). Un prof de mon université croit avoir trouvé des marqueurs "tendance au suicide" chez des rats "suicidaires"... mais pas leur transmission "héréditaire" ( http://www.the-scientist.com/article/display/55843/ )
... Mais tout ceci est "en recherche" et encore peu étayé. Les recherches épidémiologiques menées sur plusieurs générations n'ont pas abouti, faute de pouvoir "isoler" les facteurs.
 

crottes de chevrette

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