J'espérais sortir ce début de semaine, et redevenir "normale"...
Mais "ils" ne veulent pas, pas tout de suite. Il y a encore des "bulles" qui traînent dans ma poitrine. Je reste avec la canule et la fiole, espèce d'animal tripède qui hante les couloirs de l'hôpital, avec d'autres "tripédistes". En cardio, à Lyon, j'avais déjà appris çà : il n'y a qu'en s'obligeant à marcher dans les couloirs à l'hôpital qu'on se prépare à l'évasion. Comme le taulard dans sa cour de prison.
Finalement, un hosto, c'est un environnement "douceâtre" et rassurant. On est reconnaissante, de tous ces gens expérimentés qui s'occupent de vous, de leurs gestes techniques, ... on se dit qu'on a de la chance, et que sous d'autres cieux ce serait des angoisses et des souffrances terribles.Mais je vois bien que ma vie ne m'appartient plus, les contraintes (le matin au lit jusqu'à 11 h. pour les soins, tout à l'heure retour dans la chambre pour le repas, etc... tout un horaire réglementé, et surtout ce sentiment d'ATTENDRE... que dedans çà veuille bien se réparer...).
Je n'ai pas mal (sauf certains gestes du torse, que j'évite, et la toux, quand elle survient), mais je me ramollis, je me laisse aller, et j'ai peur de cette sorte d'abandon dans le non-effort. C'est confortable d'avoir son repas servi dans la chambre matin et soir, mais c'est si trompeur.
L'hôpital, c'est une sorte de drogue, d'engourdissement, d'infantilisation qui tend les bras.
Risque de se laisser aller, de démissionner.
Je me console en voyant par la fenêtre l'hiver têtu qui, tous les matins, repeint en blanc la ville, comme pour faire la nique aux chasseurs de neige. Cà me fait même rire !J'aimerais sauter par la fenêtre et, en flocon-parachute, aller marcher sur cette neige fraîche du matin. Mais je n'ai pas le droit, évidemment !
LE RISQUE !
au fond, il n'y a que comme çà qu'on se sent vivre : marcher au bord du précipice, en regardant le gouffre.