Il y a 8 jours, mon dernier article vous parlait de Sophie, une française de 21 ans, étudiante à Brisbane et trouvée assassinée il y a 10 jours alors qu'elle rentrait chez elle après avoir suivi un cours en soirée. Je me souviens avoir hésité à parler ici de ce triste épisode qui m'avait touchée évidemment, ainsi que les quelques étudiants français et européens qui se trouvent en Australie pour cette rentrée universitaire d'automne. Quand on est "exilée" loin de chez soi, on s'identifie aisément au moindre événement dramatique qui peut advenir à un des membres de notre "communauté". Et il s'agissait d'une mort brutale d'une fille de la région Rhône-Alpes dont je suis aussi. Je me suis identifiée à cette fille arrachée à la vie si loin de son village savoyard
Ce qui m'aura surpris, c'est que ce "fait divers" a tenu en haleine tout le Queensland (l'Etat du Nord-Est Australien) pendant 10 jours et est encore le plus lu et suivi par les lecteurs du Brisbane Times aujourd'hui. Le lieu où son corps a été retrouvé, sorte d'édicule (photo au dessus) sur un trajet de jogging aux bords de la rivière Brisbane, est sans cesse fleuri et visité, sûrement par des étudiants de la Griffith University, mais aussi d'autres universités et par de nombreux habitants de la ville. Beaucoup, bougie à la main, défileront demain soir (il est en ce moment Mercredi à minuit 15) sur le trajet des dernières heures de sa vie. Il y a le sentiment que nombreuses parmi nous sont les étudiantes qui auraient pu être victimes en lieu et place de Sophie.
La police du Queensland s'est montrée très active : plus d'une quarantaine d'enquêteurs, l'exploitation des caméras de surveillance de la ville, etc... et un suspect vite repéré, donc le nom et la photo ont été publiés partout (la police australienne n'a pas les pudeurs de la police française !). Homme de 26 ans, sans doute toxicomane, arrêté hier à Coffs Harbour, une ville à 400 kms au Sud. Ramené à Brisbane aujourd'hui, il devrait être de "suspect" devenir accusé.
Ce qui ressort dans journaux et réactions des lecteurs : les australiens, outre l'empathie qu'ils ont manifestée pour le sort tragique de cette victime étudiante et sa famille, se sentent responsables.
"NOUS ne savons pas protéger ces étudiants qui viennent étudier chez nous"...
tel semble être le leitmotiv et sentiment général... Là où en France on se renverrait d'un bord politique à l'autre la responsabilité de cette mort tragique, en accusant soit le laxisme de la justice soit le manque de moyens de la police, ou le gouvernement, les Australiens, eux, font front commun et se sentent collectivement responsables. C'est tout à l'honneur de ce pays-continent... Il était temps : 4 étudiantes étrangères assassinées en 4 mois, çà devient grave !