Dans son recueil de nouvelles "Balcon sur la Méditerranée" (Seuil 2003), Nedim Gürsel
décrit les rites curieux des napolitaines dans la crypte-cimetière d'une église de Naples :
"J'avais observé que les vieilles dames, de même que les jeunes filles, prenaient grand soin des ossements :
elles les nettoyaient méticuleusement, avant de les replacer, reniflant les crânes comme on renifle des melons."
Aujourd'hui, "jour des défunts" en France et, plus discrètement, ici au Québec. Les gens fleurissent les cimetières.
Il y a 5 ans, persuadée que j'allais mourir, avant mon opération au coeur,
j'allais parfois au cimetière à Lyon, à 10 minutes à pied de chez moi.
Je lisais les dates sur les tombes, je calculais les âges.... Ils sont nombreux à mourir très vieux
et je pensais que pour moi, ce n'était pas juste...
Il y avait un endroit où il n'y avait pas ces affreuses pierres, juste de la pelouse,
des rosiers plantés, un nom discret sur une planchette au pied de chaque rosier.
Je me disais que j'aimerais être le prétexte pour planter un rosier, que j'aurais voulu blanc.
Les cimetières urbains, leurs alignements de pierres dressées,
vains mémentos, parfois humbles, souvent vaniteux,
leurs statues éplorées, leurs mini-chapelles tarabiscotées au portillon rouillé
le rappel entêtant de cet instrument de supplice romain que fut la croix,
tous ces périmètres urbains consacrés au défilé morose des corbillards,
les gens en noir qui suivent en chuchotant,
la grande cheminée du funérarium aux volutes sinistres,
tout cela sera, paraît-il, antique et ridicule...
Oui, le nouveau cimetière sera "cybernétique" et "virtuel".
Il n'y aura plus de tombeaux, mais une prise usb au nom de votre aimé défunt
et vous y insérerez une clé (USB, bien sûr) pour "charger" tout ce qui fut la "quintessence" du mort
que vous êtes venu honorer : sa photo en médaillon, ses écrits éventuels, ses dernières volontés...
Un cimetière à Montréal propose déjà de tels "médaillons" (lire ici )
et Facebook, parait-il, s'intéresse au marché : inventer sa vie sur Facebook serait préparer sa survie !
(De toute manière, de nombreux fantômes, dit-on, errent déjà sur Facebook !)
Je suppose qu'on pourra aussi envoyer des fleurs virtuelles....
Finalement, tout çà, c'est horriblement écologique !
Rédigé hier"J'avais observé que les vieilles dames, de même que les jeunes filles, prenaient grand soin des ossements :
elles les nettoyaient méticuleusement, avant de les replacer, reniflant les crânes comme on renifle des melons."
Aujourd'hui, "jour des défunts" en France et, plus discrètement, ici au Québec. Les gens fleurissent les cimetières.
Il y a 5 ans, persuadée que j'allais mourir, avant mon opération au coeur,
j'allais parfois au cimetière à Lyon, à 10 minutes à pied de chez moi.
Je lisais les dates sur les tombes, je calculais les âges.... Ils sont nombreux à mourir très vieux
et je pensais que pour moi, ce n'était pas juste...
Il y avait un endroit où il n'y avait pas ces affreuses pierres, juste de la pelouse,
des rosiers plantés, un nom discret sur une planchette au pied de chaque rosier.
Je me disais que j'aimerais être le prétexte pour planter un rosier, que j'aurais voulu blanc.
Les cimetières urbains, leurs alignements de pierres dressées,
vains mémentos, parfois humbles, souvent vaniteux,
leurs statues éplorées, leurs mini-chapelles tarabiscotées au portillon rouillé
le rappel entêtant de cet instrument de supplice romain que fut la croix,
tous ces périmètres urbains consacrés au défilé morose des corbillards,
les gens en noir qui suivent en chuchotant,
la grande cheminée du funérarium aux volutes sinistres,
tout cela sera, paraît-il, antique et ridicule...
Oui, le nouveau cimetière sera "cybernétique" et "virtuel".
Il n'y aura plus de tombeaux, mais une prise usb au nom de votre aimé défunt
et vous y insérerez une clé (USB, bien sûr) pour "charger" tout ce qui fut la "quintessence" du mort
que vous êtes venu honorer : sa photo en médaillon, ses écrits éventuels, ses dernières volontés...
Un cimetière à Montréal propose déjà de tels "médaillons" (lire ici )
et Facebook, parait-il, s'intéresse au marché : inventer sa vie sur Facebook serait préparer sa survie !
(De toute manière, de nombreux fantômes, dit-on, errent déjà sur Facebook !)
Je suppose qu'on pourra aussi envoyer des fleurs virtuelles....
Finalement, tout çà, c'est horriblement écologique !
Ca fait déjà cinq ans.
"Le passé est derrière (on n'y reviendra plus), demain est un mystère (autant qu'une hypothèse), mais aujourd'hui est un cadeau, c'est pourquoi on l'appelle présent". (citation pêchée l'été dernier, tombée droit de la bouche de ma petite soeur qui me récitait un dvd dans la voiture... Les parenthèses sont des ajouts que j'ai faits)