Je vais vous parler de cochon, de grenouille et de pollution.
Le Ouaouaron ! cette grenouille me hante décidément. La 2de fois que j'en parle sur ce blog. Au printemps dernier déjà, ici
L'une de mes préoccupations pendant mon stage est d'étudier la meilleure méthode pour éliminer les eaux potables des résidus de pesticides.
Je lis, entre autres, de la doc sur les effets de pesticides dans le bassin versant (=qui se déverse dans le St-Laurent) de la rivière Yamaska.
Ce bassin, situé à 70 kms environ à l'Est de Montréal, a une surface de 4784 km2, et subit la logique de tout élevage intensif : on y "produit" du cochon par dizaines de milliers de têtes; pour nourrir le cochon, de grandes surfaces sont cultivées en soja et maïs.
Soja et maïs nécessitent de l'eau, beaucoup d'eau, et aussi beaucoup de pesticides.
Tout ça pour "faire" du cochon. ! Je finis par croire que l'Islam a bien fait d'interdire le cochon dans l'alimentation humaine... car le cochon, surtout élevé en usines par des sociétés capitalistes qui n'ont plus rien à faire avec le paysan d'autrefois, pourrit des territoires entiers, des fleuves, et même l'Océan. On le constate déjà en Bretagne, ici au Québec et on s'en va vite s'en rendre compte ailleurs.
Comment suis-je passée de l'élevage intensif du cochon à l'inoffensif Ouaouaron ?
Ouaouaron: grenouille d'Amérique du Nord, menacée, en voie de disparition.
Pourtant, elle se voit : la plus grosse grenouille d'Amérique du Nord : 12 à 16 cms - pèse jusqu'à 200g.
Verte à brune, avec des tâches sur le dos et la gueule jaune.Mange insectes, petits poissons et, à l'occasion, gobera même un petit mulot !
Informations sur les moeurs de ces grenouilles ici :
Vers Juin-Juillet, les mâles Ouaouaron se rassemblent en "chorales", coassantes et bruyantes, réunies en territoires.
On les entend de très loin la nuit ! ne campez pas à proximité : vous ne dormiriez pas de la nuit !
Les mâles ne "bougent" pas beaucoup, ils se contentent de "chanter" et attirent ainsi les femelles.
J'admire beaucoup le mâle ! un monsieur très endurant : quand une femelle, charmée par son chant, vient sur son territoire, il se précipite sur elle, lui étreint les épaules de ses pattes de devant, et la femelle alors pond ; mais attention : elle pond un chapelet de 3.000 à 24.000 oeufs... et ceci peut durer plusieurs heures. Pendant tout ce temps, monsieur Ouaouaron "ensemence" les oeufs un à un, à mesure qu'ils "sortent" !
Un champion d'endurance dans le domaine de la virilité !
Mais revenons à nos cochons et à leur lisier-poison qui infecte les rivières :Ce roi des grenouilles, l'Ouaouaron, a une peau perméable et donc sensible à la pollution. Il sert donc de "sentinelle" pour avertir de la pollution des zones humides.Tel est le sujet du mémoire en 2010 rédigé par une étudiante de l'UdM,(ici) :
Elle a démontré que la disparition des Ouaouarons et de leurs chants dans les zones humides au long de la rivière Yamaska signale l'atteinte des eaux par les pesticides venant des champs de maïs et Colza, ou l'eutrophisation (voir wiki sur ce terme ici ) des eaux par le lisier de cochon.
L'étude des modifications génétiques subies par l'Ouaouaron en zones de rejets pollués montre la "féminisation" des Ouaouarons mâles et donc la disparition de l'espèce.
Inquiétez-vous donc ce printemps si vous n'entendez plus le coassement assourdissant de grenouilles et crapauds au bord des rivières ou de mares : celà signifie que leurs eaux sont polluées !
Bon, assez causé de cochonneries ! Ciao les Cows (envoyé depuis mon lieu de stage) !