Chevrette Nomade

Il y a un an

Il ne se passait rien...

Vendredi 23 février 2007 à 16:38

Elle est sortie, je l'ai suivie...
Je suis son ombre blanche... Dans les rues silencieuses et sombres (les réverbères sont éteints), elle marche, anonyme, dans le mélange de neige et de sel durcis; elle refait sa tournée coutumière des pâtés d'immeubles voisins : dévier de ce circuit familier lui fait peur...
Besoin pourtant de sortir, de s'aérer, d'échapper à la chambre trop clean et impersonnelle de la résidence, aux bruits divers suintant de sous les portes dans le long couloir, s'évader d'un univers devenu prison à force d'être coutumier.
Simplement vagabonder dans ce méandre urbain, écouter le silence des rues, à peine déchiré au loin par quelques pétarades de moteurs indiscrets...
Et moi chevrette, je trottine sur les trottoirs derrière ma maîtresse : je suis sa part d'imaginaire, son échappée hors des contraintes rationnelles, son passeport illusoire pour le brin de folie...
Derrière elle et en elle : je le sais, elle adore que je vienne brouter sur les plates-bandes interdites des raisonnements trop logiques, des pensées trop ordonnées...
En marchant devant moi, enserrée frileusement dans ses vêtements d'hiver, tête et chevelure invisibles sous l'ample capuche, dans ce petit vent glacé, à quoi pense-t-elle, que cherche-t-elle ? une paix intérieure ? un sens à sa vie ?
A quoi bon ces efforts, ces années d'étude si on n'est pas sûr de vivre longtemps ? Qu'est-ce qui est le plus vital dans une vie courte, le devoir ou la jouissance ? A trop en "vouloir" au nom du devoir, l'homme se victimise-t-il lui-même... Mais, à l'inverse, la jouissance elle-même n'est que succession de petits plaisirs... et le plaisir, c'est comme quand tu appuies sur la touche d'un piano : une note cristalline ou voluptueuse qui s'échappe et s'envole à tout jamais, si futile et brève !
Brusquement, la bise se fait plus cinglante. Elle serre son manteau et hâte le pas. Il est temps de remonter vers l'inéluctable chambre-dortoir, de clore la fenêtre de lumière sur la nuit avide, de rincer le bas des pantalons et les souliers pour en diluer le sel.
Et moi, j'attends impatiemment qu'elle s'étende sur sa couche ! Alors, je poursuivrais en son esprit ma sarabande de chevrette follette pour brouter sans pitié tous ces boutons de fleurs violettes ou sombres... Dans le demi-sommeil, elle sait moins se défendre et j'ai le champ libre...
Je déteste la sentir trop sérieuse...
Par soft-snow le Vendredi 23 février 2007 à 16:53
C'est une chevrette qui rêve de vagabondages et de grands espaces, quand le quotidien n'a plus que des contraintes à lui offrir ; une chevrette éprise de liberté et d'élans, qui n'a pour s'évader que les ailes de son imagination et des bribes de souvenirs. Peut-être la chevrette n'est-est que la part bondissante d'un esprit qui lutte contre les habitudes et la lassitude qu'elles entraînent ?
Peut-être que le sens de sa vie, finalement, elle le connaît depuis longtemps mais qu'elle n'ose plus y penser tant l'enfermement lui pèse ?
Ces années d'études auront beau être dures, elles seront belles, car ce sont elles qui bâtiront ton avenir et te serviront de passeport à tous tes voyages et toutes tes découvertes futures ! Et peut-être même seront-elles à l'origine d'une rencontre qui pourrait encore sublimer ton accomplissement personnel ? le bonheur, tu sais, c'est un équilibre. Entre la liberté et la dépendance. Enfin c'est l'idée que je m'en fais en tout cas :)

Gros bisous ma chevrette adorée !
Par soft-snow le Vendredi 23 février 2007 à 16:54
Et courage !
Par rosane le Vendredi 23 février 2007 à 18:23
C'est tres joli et emouvant comme texte.
Par Diaymon-blackeyes le Vendredi 23 février 2007 à 19:14
HIHI !^^ dans le 91, à dourdan !^^^
Ah les aventures de la chevrette !^^ J'adore !
Tkt je compte bien en prendre une photo, et une belle !!
Par rosane le Vendredi 23 février 2007 à 19:26
Merci beaucoup pour tes precisions sur l'heure etc.
J'ai reussi à le faire mais je crois que j'en ai pas vraiment besoin. Merci encore
Par C-la-vie-pas-le-paradis le Vendredi 23 février 2007 à 22:22
L'homme est constamment suspendu sur une planche entre la jouissance immédiate et un bonheur à plus long terme mais difficile à obtenir.
Et si en plus tu as peur que ta planche casse...
C'est marrant parce que tu arrives à exprimer des choses qui me préoccupent en ce moment.
Le fait d'être trop sérieuse, est-ce que je ne passe pas à côté de certaines choses ?
N'est-ce pas refuser un bonheur immédiat et bref d'adolescente que trop vouloir préparer un avenir que je rêve radieux (et que mes parents rêvent prestigieux) ?
je dis pas que j'aimerais être comme ces "blondasses futiles" (ouais mais elles peuvent être brunes aussi.. c'est pas une couleur de cheveux c'est un concept) mais un peu plus de légèreté j'aimerais bien, oui c'est ça, de la légèreté...

Allez, envole-toi brouter les nuages !

En tout cas j'admire ceux qui peuvent vivre dans l'instant.. mais j'admire aussi ceux qui bâtissent des châteaux en Espagne, au final on ne sait plus à quel saint se vouer...

Bisouxxx
Par que-vent-emporte le Vendredi 23 février 2007 à 23:30
Le devoir ou la jouissance ? Les deux, je crois; l'un ne va pas sans l'autre. Et je le dis tout à fait sérieusement. Il faut être exigeant au nom de l'avenir, mais aussi et surtout pour le présent, le présent le plus immédiat : aujourd'hui, maintenant.
Par Plaiethore le Samedi 24 février 2007 à 13:10
Aujourd'hui comme le futur de ton présent, chevrette l'a parfaitement compris.
Une très beau duo, pour un équilibre qui apaise. Sagesse et folie alliées pour vivre pleinement, s'attarder aussi sur les doutes, puis rebondir, toujours et encore.
Du courage, toujours et encore, le manteau qui se referme + le sel au bas de ses pantalons...
Bise à toi chère Maud.
Par cheval-par-max le Samedi 24 février 2007 à 13:25
Un juste milieu ne serrait-il pas l'idéal? Et n'oublions pas que les souvenirs sont là, et que même si le plaisir est éphémère, il réside à jamais au fond de la mémoire... sauf... si on veut l'oublier!
Par toon le Samedi 24 février 2007 à 14:04
je dirais simplement comment vas tu en réalité ?
Par Le-VIOC le Dimanche 25 février 2007 à 16:18
elle est un exemple pour beaucoup la biquette!
gros 88
Par Loudes le Lundi 26 février 2007 à 15:35
On a peut etre tout simplement besoin de parler a quelqu'un, et ne pouvant peut etre nous confier a personne, on se confie a un etre plus ou moin imaginaire....
(pas très clair ce que je veux dire...)
ou peut etre que de 'parler' a un etre imaginaire est plus rassurant que de parler a un etre humain....
 

crottes de chevrette

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