Elle est dans une chambre, pas loin, et une fois m'a souri , du lit, par la porte ouverte,
alors que je vasouillais dans ce long couloir, si cliniquement propre et froid.
Elle me fait tellement mal à siffler en respirant.
Une canule l'intube par un trou dans la gorge, la rend muette.
Hoquets par moments, on sent que l'air ne passe presque plus. Il passe de plus en plus mal !
Cette angoisse d'étouffement, je la ressentais moi aussi il y a 10 jours !
Mais elle, c'est plus grave : "phase terminale", comme ils disent...
Et je dis des mots idiots, que j'essaie les plus doux et tendres possibles.
Avant de la quitter, je lui caresse les doigts, un par un. Langage muet, elle me répond.
Ses parents ne viennent que l'après-midi, ombres muettes, comme écrasées d'avance par le chagrin.
Verrais-je un jour la porte de sa chambre close,
Va-t-elle disparaître, couverte entièrement, même la tête, d'un drap, comme un de ces chariots fantômes
que j'ai surpris poussé vers l'ascenseur, pour qu'on le descende vers la morgue de l'hôpital ?