Elle avait froid, malgré le grand voile qui cachait aux passants la fraîcheur de son visage de 17 ans.
Cet enfant dans son ventre se faisait impérieux et tapait des pieds. Il l'épuisait et elle avait soif et faim.
Tout avait été si vite : cette traversée chaotique du détroit dans une barque surpeuplée,
la surprise sur la plage où aucun garde ni douanier ne les attendaient,
la fuite de tous dispersés vers la grande ville au bout d'une route proche.
Cette grande ville occidentale : ils l'avaient tant espérée, et à présent qu'ils l'avaient atteinte,
elle les avait avalés comme des ombres qu'ils étaient...
Se faire discrets, invisibles, telle était la consigne du passeur.
Son homme, aux abords du port, avait immédiatement été embauché :
les mandarines de Noël n'attendent pas la cueillette.
Il était parti avec les autres, en camion, lui soufflant "Attends moi ici, je reviens ce soir".
A présent la nuit, et, autour d'elle, les bâtiments du port se faisaient sinistres.
Elle n'osait donc s'éloigner, attendant "son homme"...
Et s'il l'abandonnait ? après tout rien ne les liait, tant cette grossesse avait débuté mystérieusement...
Une voyante, de l'autre côté de la mer, leur avait dit que cet enfant serait un prince...
mais elles disent toutes çà, pour avoir une piécette de plus !
Soudain, elle ressentit de violentes contractions et cette inondation entre ses cuisses...
A peine le temps de se réfugier au milieu de cageots vides, à l'abri d'un édicule.
Elle hurla de toutes ses forces sa douleur de parturiente...
Personne ne l'entendait, sur ce quai portuaire désert à minuit.
Debout au milieu des caissettes elle enfanta, et l'enfant tomba,
sur des alvéoles de carton bleu destinées à accueillir des oranges...
Se souvenant des gestes des femmes de son village, seule, elle fit tout ce qu'il fallait faire.
Quand elle eut fini, se fut essuyer corps et visage avec des papiers qui traînaient ci et là,
elle regarda le ciel, le bébé accroché à son sein.
Mais nulle étoile n'y brillait, nul ange n'y chantait : seule la lumière blafarde des pylônes du port ...
les légendes ne se répètent pas... La misère, elle, oui, à l'infini !
Cet enfant dans son ventre se faisait impérieux et tapait des pieds. Il l'épuisait et elle avait soif et faim.
Tout avait été si vite : cette traversée chaotique du détroit dans une barque surpeuplée,
la surprise sur la plage où aucun garde ni douanier ne les attendaient,
la fuite de tous dispersés vers la grande ville au bout d'une route proche.
Cette grande ville occidentale : ils l'avaient tant espérée, et à présent qu'ils l'avaient atteinte,
elle les avait avalés comme des ombres qu'ils étaient...
Se faire discrets, invisibles, telle était la consigne du passeur.
Son homme, aux abords du port, avait immédiatement été embauché :
les mandarines de Noël n'attendent pas la cueillette.
Il était parti avec les autres, en camion, lui soufflant "Attends moi ici, je reviens ce soir".
A présent la nuit, et, autour d'elle, les bâtiments du port se faisaient sinistres.
Elle n'osait donc s'éloigner, attendant "son homme"...
Et s'il l'abandonnait ? après tout rien ne les liait, tant cette grossesse avait débuté mystérieusement...
Une voyante, de l'autre côté de la mer, leur avait dit que cet enfant serait un prince...
mais elles disent toutes çà, pour avoir une piécette de plus !
Soudain, elle ressentit de violentes contractions et cette inondation entre ses cuisses...
A peine le temps de se réfugier au milieu de cageots vides, à l'abri d'un édicule.
Elle hurla de toutes ses forces sa douleur de parturiente...
Personne ne l'entendait, sur ce quai portuaire désert à minuit.
Debout au milieu des caissettes elle enfanta, et l'enfant tomba,
sur des alvéoles de carton bleu destinées à accueillir des oranges...
Se souvenant des gestes des femmes de son village, seule, elle fit tout ce qu'il fallait faire.
Quand elle eut fini, se fut essuyer corps et visage avec des papiers qui traînaient ci et là,
elle regarda le ciel, le bébé accroché à son sein.
Mais nulle étoile n'y brillait, nul ange n'y chantait : seule la lumière blafarde des pylônes du port ...
les légendes ne se répètent pas... La misère, elle, oui, à l'infini !