Un peu perdus, ils errent dans la prairie, cisaillant délicatement de fines herbes printanières au passage. Qui les a ainsi regroupé dans ce pré habituellement désert ! Leurs bêlements grêles et plaintifs font peine à entendre.
A l'un d'eux je demande : "Petit agneau, où est ta mère, la brebis"...
Il me répond "Ce matin, ils sont venus à l'étable, et nous ont séparés de nos mères... J'ai envie de lait !" et, instinctivement, le voici qui cherche sous mon ventre quelque pis. D'un petit coup de corne, gentiment, je le décourage.
Au loin un bruit de moteur : un grand camion cule à la grille du pré ; 2 vantaux s'ouvrent, un plan incliné s'abaisse. Du fond du camion on entend bêler une brebis. A cet appel, un premier agneau se précipite, et, grégaires, tous suivent, grimpant maladroitement jusque dans le camion. Le plan incliné se relève. Et le camion part, emmenant petits corps dodus et grêles bêlements...
Je les entends de loin ! méfiante, j'ai sauté la clôture du pré : certains préfèrent le cabri !
C'est vrai, j'avais oublié... C'est bientôt Pâques, la fête de l'agneau !
Ceci est le 18ème conte de la Chèvre (cf catégorie "Contes de la Chèvre"