Plusieurs façons de parler de la mort, je crois.

La mort en tas, et la mort de l'individu.
La première est tenue à distance, la seconde envahit. Et si la première touche, c'est parce qu'il y a par derrière, toujours, la dimension individuelle, le fait que l'on prend conscience de ce que ça veut dire, pour chaque décédé anonyme pendant son agonie, que de cesser d'être. Enfin, je dis "on" mais peut-être suis-je la seule à voir les choses comme ça (finalement).

Il y a aussi une différence, à ce qu'il me semble, entre parler de "la mort" de ceux qui ont toujours été morts (la mort en général finalement, telle qu'on l'a toujours connue, avec ceux qu'elle "contient" et qu'elle a toujours "contenus"), et parler de la mort de ceux qui ont existé en même temps que nous. En fait, je ne saurais pas trop l'exprimer clairement, mais, quand je m'aperçois qu'un être vivant a pu mourir, c'est la certitude de ma propre mort que je prends dans la tronche, comme si je m'étais crue immortelle un instant qu'on m'assénait un coup de vrai pour me rappeler à l'ordre. Il m'est parfois arrivé, avec la sensation d'étouffer complètement et de "partir", à peu près la même chose.

En fait, je crois que les médias, tout médiateurs qu'ils sont, n'ont d'autre rôle que celui de relayer les infos qui peuvent concerner un grand nombre de personnes. Et c'est difficile, je trouve, de cerner les limites du média. Ce qu'il doit dire, ce qu'il doit taire ? Est-ce qu'il faut prendre mon "concerner" dans le sens où l'info transmise par les médias aurait un impact sur la vie quotidienne des gens ? Dans ce cas là, que raconter qui serve à tout le monde ?
Qu'ils cherchent cette généralité, c'est du moins mon impression. Ca expliquerait pourquoi, alors que le but du média n'est pas de raconter le singulier, on entend partout cartonner sur la mort de M. Jackson. C'est comme si les médias disaient : "cet individu concerne tout le monde !, va changer vos vies !". Et comme si tout le monde les croyait, tant que l'individu en question change effectivement certaines vies, ou du moins leur apporte quelque chose via sa musique. Puis un beau jour l'individu meurt. Et l'on se rend compte que ça n'a rien changé. Que ce n'était pas général. Que c'est UNE vie qui s'est éteinte, comme ça arrive chaque seconde.
Et on s'en veut même de n'avoir pas pleuré en cours d'histoire au lycée, quand on écrivait des choses horribles comme "guerre de cent ans". Dans la généralité, la distance, je crois que l'on perçoit les choses de manière très atténuées...

Bref, laissons les moutons brouter l'herbe du média qui ne sait pas lui-même ce qu'il doit dire...

(été chercher le livre aujourd'hui...:)

moi aussi j'en ai un peu marre, ca me lasse même d'écouter ses CD...