Vous m'avez tant désirée, toi et maman
et mes grands frères : petits coquins, tout fiers
de montrer à leur petite soeur dans la baignoire
qu'ils avaient, eux, un zizi ! et moi émerveillée !
Petite princesse je suis née, comblée de bisous,
Trop sans doute, les petits derniers, c'est comme çà !
Mais avec toi surtout : câlins infinis, à rendre jalouse maman
et j'en voulais toujours plus, et maman de gronder !
Que cherche une petite fille dans son père ?
Des grands bras robustes, qui enveloppent et sécurisent,
Branches fortes auxquelles s'agrippaient mes menottes,
Une voix profonde, qui me rendait d'instinct coite
Bisous qui piquent sur peau mal rasée, poils drus,
Besoin de tâter le rugueux, la peau rêche, de déplier ces gros doigts
et de se sauver, coquetterie, en hurlant, sans y croire :
"Papa, tu piques et tu sens pas bon : je te déteste !"
Tout était permis à la petite fille "normale" !
Et puis, un jour, à mon insu, j'ai changé de statut...
Expertises médicales : tant de choses désormais défendues !
Ce fameux gène qui m'a fait déchoir en potiche fragile !
Vous n'étiez plus les mêmes avec moi, ni toi ni maman...
Votre regard avait changé ! l'enfant ne sait pas, mais il sent...
Et ces "vacances de ski"... sans ski, et le cheval, pas pour moi
et ces profs de gym qui me mettaient à l'écart devant toute la classe.
Trop petite pour comprendre, et surtout rien de sûr :
Surtout ne pas alarmer une enfant quand la maladie
ne s'affirme qu'à la croissance : je comprends aujourd'hui votre silence
mais alors, je me sentais coupable... coupable sans savoir pourquoi...
Et puis, les tests, le temps de la croissance, quand le mal se découvre,
Que l'on respire court, que le coeur ne veut pas suivre...
Mais déjà trop "grande" pour me réfugier dans tes bras,
non pour rire désormais, mais pour pleurer...
Alors, tu m'as parlé, longuement, un soir, tout expliqué,
ce qui était sûr, confirmé, et ce qui pouvait être risqué,
mais qu'il fallait attendre, et surtout rester calme, grandir,
adolescente à l'apparence normale, mais la bombe en moi.
Ce soir-là, tu m'as donné de ta force... J'ai débuté mon apprentissage
Et tu m'as emmenée en vacances, à Haïti et Saint-Domingue,
en Thaïlande et au Cambodge, au Cameroun et au Gabon,
là où les touristes ne vont jamais, où les enfants souffrent.
Et j'ai appris partout, dans la boue des pluies de mousson,
sous les baraques de tôles, dans la chaleur et les moustiques,
à sourire, comme tous ces enfants, sans soins, si peu nourris,
certains peut-être eux aussi malades, mais sans le savoir...
Et j'ai compris que je n'étais qu'une étincelle parmi d'autres,
dans un immense brasier qui brasse et brûle tout ...
Une étincelle ne se plaint pas, elle brille un temps et s'éteint
Et de retour en France, je sentais toujours plus l'artifice des choses.
La rentrée dernière, tu as voulu que je prenne mon essor, seule,
L'oiseau au nid reste trop dépendant, il faut l'aider à voler...
C'est dur ! et je goûte ce plaisir d'être revenue en vacances au nid...
Plus tard sans doute, j'apprécierai, mais déjà pour ce qui a été avant,
Merci papa !
et mes grands frères : petits coquins, tout fiers
de montrer à leur petite soeur dans la baignoire
qu'ils avaient, eux, un zizi ! et moi émerveillée !
Petite princesse je suis née, comblée de bisous,
Trop sans doute, les petits derniers, c'est comme çà !
Mais avec toi surtout : câlins infinis, à rendre jalouse maman
et j'en voulais toujours plus, et maman de gronder !
Que cherche une petite fille dans son père ?
Des grands bras robustes, qui enveloppent et sécurisent,
Branches fortes auxquelles s'agrippaient mes menottes,
Une voix profonde, qui me rendait d'instinct coite
Bisous qui piquent sur peau mal rasée, poils drus,
Besoin de tâter le rugueux, la peau rêche, de déplier ces gros doigts
et de se sauver, coquetterie, en hurlant, sans y croire :
"Papa, tu piques et tu sens pas bon : je te déteste !"
Tout était permis à la petite fille "normale" !
Et puis, un jour, à mon insu, j'ai changé de statut...
Expertises médicales : tant de choses désormais défendues !
Ce fameux gène qui m'a fait déchoir en potiche fragile !
Vous n'étiez plus les mêmes avec moi, ni toi ni maman...
Votre regard avait changé ! l'enfant ne sait pas, mais il sent...
Et ces "vacances de ski"... sans ski, et le cheval, pas pour moi
et ces profs de gym qui me mettaient à l'écart devant toute la classe.
Trop petite pour comprendre, et surtout rien de sûr :
Surtout ne pas alarmer une enfant quand la maladie
ne s'affirme qu'à la croissance : je comprends aujourd'hui votre silence
mais alors, je me sentais coupable... coupable sans savoir pourquoi...
Et puis, les tests, le temps de la croissance, quand le mal se découvre,
Que l'on respire court, que le coeur ne veut pas suivre...
Mais déjà trop "grande" pour me réfugier dans tes bras,
non pour rire désormais, mais pour pleurer...
Alors, tu m'as parlé, longuement, un soir, tout expliqué,
ce qui était sûr, confirmé, et ce qui pouvait être risqué,
mais qu'il fallait attendre, et surtout rester calme, grandir,
adolescente à l'apparence normale, mais la bombe en moi.
Ce soir-là, tu m'as donné de ta force... J'ai débuté mon apprentissage
Et tu m'as emmenée en vacances, à Haïti et Saint-Domingue,
en Thaïlande et au Cambodge, au Cameroun et au Gabon,
là où les touristes ne vont jamais, où les enfants souffrent.
Et j'ai appris partout, dans la boue des pluies de mousson,
sous les baraques de tôles, dans la chaleur et les moustiques,
à sourire, comme tous ces enfants, sans soins, si peu nourris,
certains peut-être eux aussi malades, mais sans le savoir...
Et j'ai compris que je n'étais qu'une étincelle parmi d'autres,
dans un immense brasier qui brasse et brûle tout ...
Une étincelle ne se plaint pas, elle brille un temps et s'éteint
Et de retour en France, je sentais toujours plus l'artifice des choses.
La rentrée dernière, tu as voulu que je prenne mon essor, seule,
L'oiseau au nid reste trop dépendant, il faut l'aider à voler...
C'est dur ! et je goûte ce plaisir d'être revenue en vacances au nid...
Plus tard sans doute, j'apprécierai, mais déjà pour ce qui a été avant,
Merci papa !