Chevrette Nomade

Il y a un an

Il ne se passait rien...

Samedi 17 avril 2010 à 20:05

"Ma fille, comme je voudrais que tu vives plus proche de la poésie que de la guerre,
que tes mains caressent des graines, et que tu penses à la douleur de l'exil avec sagesse et sans rancoeur,
que ton coeur soit tendre envers l'amour, mais ferme quant à tes droits d'être humain.
Que tu sois une femme de ton temps, digne et libre,
que tu connaisses d'autres mondes et différentes cultures,
afin d'honorer dignement la tienne, une culture solide car métisse.
Que tu aies autant besoin de justice pour autrui que d'air pour vivre."

"Hier, pour la première fois, tu es allée au musée,
tu as dit que tu aimais cette jeune fille avec les flèches, Diane chasseresse,
et le peintre qui fait des visages avec des fruits, Arcimboldo,
et les vêtements de ces couples peints par Klimt.
Tu as demandé pourquoi il y a le même bonhomme, sur tant de tableaux,
avec sa tête couronnée d'épines, penchée dans une moue de douleur,
les mains et les pieds cloués, ses blessures en sang.
Quand j'ai voulu te raconter cette histoire-là, ma gorge s'est serrée :
il y a longtemps, quand j'avais ton âge, on me l'a interdit,
on m'a imposé le sacrifice, niant ainsi mon humanité."
Zoé Valdés    "Le pied de mon père",  Gallimard 2000, p.195 sq.
Petite dédicace à Alesia, qui a fermé son blog en nous laissant un beau texte
 
Je suis en train de chercher tout procédé pour revenir de Montréal en France par voie navale.
(parce que le fameux nuage peut durer plus de 2 mois !)

Je me suis même inscrite sur le formulaire ici
...  j'ai quelque expérience de l'Atlantique... à preuve la photo dessous. Je pourrais être moussaillonne !
(photo prise dans le Golfe du Morbihan, il y a ... hem, disons 12 ans !)
http://maud96.cowblog.fr/images/Avril2010/barquearradon.jpg

Samedi 13 mars 2010 à 20:22

J'ai honte pour mon article d'hier, qui visait bien bas !
Des collants troués qui m'ont valu mon plus haut score de visites depuis un mois !
Faut dire que ça tapait un peu "en dessous de la ceinture", ce clip!
(non, non, je ne révélerais toujours ni son titre ni le nom des 2 stars ! je n'ai pas envie de recevoir sur mon blog certains types de spams !
je ne suis pas gaga, moi !)
Il y a une majorité de filles sur Cow, et évidemment  les collants qui "filent", c'est toujours un drame !
C'est çà, hein ! ne me dites surtout pas, bande de cochon(ne)s, lecteurs fidèles, que vous étiez venus mater une paire de fesses ! Non, vous étiez seulement venu lire une recette de moi pour réparer les collants troués !
  
 
Je préfère penser à un Ardéchois au coeur fidèle, mort dans ma région, près de Lyon...
et à ses paroles de chansons, en vrai français bien écrit et poétique..
"La femme est l'avenir de l'homme..."
"Mon Dieu, que la montagne est belle..."
Qui ne connaît au moins ces deux titres ?
Pas une "star" lui, comme les 2 poufiasses du clip plus haut... Un chanteur du terroir !
Les paroles de la chanson que je préfère (prises ici ) : 

C'est beau la vie   Album: Jean Ferrat - Vol. 2 (1999)

http://maud96.cowblog.fr/images/JeanFerrat.jpgLe vent dans tes cheveux blonds
Le soleil à l'horizon
Quelques mots d'une chanson
Que c'est beau, c'est beau la vie

Un oiseau qui fait la roue
Sur un arbre déjà roux
Et son cri par dessus tout
Que c'est beau, c'est beau la vie.

Tout ce qui tremble et palpite
Tout ce qui lutte et se bat
Tout ce que j'ai cru trop vite
A jamais perdu pour moi

Pouvoir encore regarder
Pouvoir encore écouter
Et surtout pouvoir chanter
Que c'est beau, c'est beau la vie.

Le jazz ouvert dans la nuit
Sa trompette qui nous suit
Dans une rue de Paris
Que c'est beau, c'est beau la vie.

La rouge fleur éclatée
D'un néon qui fait trembler
Nos deux ombres étonnées
Que c'est beau, c'est beau la vie.

Tout ce que j'ai failli perdre
Tout ce qui m'est redonné
Aujourd'hui me monte aux lèvres
En cette fin de journée

Pouvoir encore partager
Ma jeunesse, mes idées
Avec l'amour retrouvé
Que c'est beau, c'est beau la vie.

Pouvoir encore te parler
Pouvoir encore t'embrasser
Te le dire et le chanter
Oui c'est beau, c'est beau la vie.

Mardi 2 mars 2010 à 19:32

En croustillant mon midi, je lis quelques pages du livre de l'auteur juif Aharon Appelfield, "Histoire d'une vie".(édit. L'Olivier, 2004)
http://maud96.cowblog.fr/images/imgdelete.pngNé en 1932, l'auteur rédige à 69 ans une exploration de sa mémoire d'enfance...
Histoire de la survie d'un enfant de 8 ans, qui à travers ghettos et camps de travail ou d'extermination, s'accroche à la vie, malgré la mort de ses parents, réussit à s'enfuir dans les bois d'Ukraine, à y subsister, parfois accueilli et esclavagisé, parfois chassé. Toujours traqué comme une bête sauvage. A la fin de la guerre, il sera parmi les premiers à débarquer, adolescent, avec les bateaux de réfugiés juifs, à Haïfa pour refonder la terre d'Israël.
Alors lui qui a appris à se terrer et à se taire, élève dans une école d'agriculture, va recommencer à parler, d'abord à lui-même au travers d'un journal intime.
"Celui qui a du mal à parler a besoin d'un journal. Lorsque je regarde mon journal, je découvre qu'il est plein de phrases inachevées, de l'obsession d'être précis, et que l'espace entre les mots parle plus que les mots eux-même.... Mon journal n'est pas un témoignage au flux abondant, mais une expression inhibée. Je dis cela sans le moindre apitoiement, mais avec la volonté de comprendre mon évolution vers l'âge adulte... Mon écriture était une sorte de marche sur la pointe des pieds, une méfiance, une répugnance..."(p. 148)
(j'ai pensé à beaucoup de blogs en choisissant cette citation. Bien des blogs sont des actes de survie)
Aharon Appelfield a écrit plus de 40 ouvrages qui lui ont valu une réputation internationale (prix Médicis et Israël).
Un écrivain qui fut toujours antisioniste mais profondément attaché aux racines juives (il n'écrit qu'en Yiddish, la langue des anciens hébreux).
Sa vie ici . Je suis incapable de dire pourquoi je "déguste" ce livre...
Attirance sans doute vers cette exploration de l'intériorité
... mais aussi fascination par cet instinct de survie qui accomplit des miracles...

Mardi 8 décembre 2009 à 17:46

http://maud96.cowblog.fr/images/Lyonlumignons.jpgCe midi, revenue d'un examen (toute cette quinzaine !), j'ai pensé à ma ville en France.
8 Décembre, fête des Lumières à Lyon
Les Lyonnais posent des rangées de lumignons sur leurs fenêtres...
Beaucoup se rendent en famille au centre-ville... 
Les plus courageux grimpent à pied la colline de Fourvière en chantant jusqu'à la "basilique" de la Vierge.
Depuis 20 ans, les échevins-commerçants-capitalistes de la ville ont transformé cette fête en une semi-parade commerciale, avec débauche de lumières, illuminations, feux d'artifice, lasers zébrant le ciel, feux-follets sur le Rhône, etc...
J'ai évidemment louché sur Internet. Chaque année, le style des lumières change en effet.
Pour cette année, on peut regarder sur le site de la ville de Lyon ici  ou, moins officiel, sur Flickr ici
Contente de voir que, dans mon quartier, ils ont "décoré" l'école un peu grise de mon enfance (photo dessous) 
http://maud96.cowblog.fr/images/Lyonlumiere.jpg

Mardi 3 novembre 2009 à 22:36

http://maud96.cowblog.fr/images/LeviStraussClaude.jpgHommage à Claude Lévi-Strauss
Le plus pessimiste des philosophes français est mort
à 100 ans.
" L'humanité s'installe dans la mono-culture;
elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave.
Son ordinaire ne comportera plus que ce plat."

Ce fut un observateur extraordinaire, qui recherchait la structure des choses derrière l'apparence...
Pour vous en convaincre, si vous avez du courage, lisez ici son "coucher du soleil", écrit en 1935, alors que le jeune ethnologue partait de Marseille vers l'Amérique du Sud pour sa première observation au Brésil.
Et pour son oeuvre, lire ici  le dossier du Nouvel Obs, à l'occasion de son centenaire.

Dimanche 13 septembre 2009 à 18:41

http://maud96.cowblog.fr/images/gaminbaguette.jpg


Comme photographe célèbre, je connaissais évidemment Doisneau,
mais pas Willy Ronis, un vieux "maître" de la photo, mort il y a 3 jours à 99 ans
Comme j'aime la photo (et certains blogs photos),
j'ai été voir un échantillon de ses photos sur Internet...
Et celle-ci m'a parue plein de tendresse humaine...
Photo de 1952 ! ce "gamin de Paris", s'il est toujours vivant, est sans doute grand-père !
et, criss, que la baguette de Paris à cette époque était longue !
Qui donc a "castré" nos baguettes d'aujourd'hui ?

(en cliquant sur la photo, vous accédez une galerie de photos de Willy Ronis)

Lundi 11 mai 2009 à 20:02

http://maud96.cowblog.fr/images/imgdelete.png"Ne te retourne pas"... çà pourrait être un principe de vie pour tous ceux d'entre nous qui auraient tendance à pleurer sur le passé. C'est le titre d'un livre de Maïssa Bey, écrivaine algérienne, que je lis en ce moment.
"Je crois que tout est signe, un peu comme si, nous, créatures fragiles, faillibles et dites cependant raisonnables, étions prises dans un réseau invisible...
Je crois très sincèrement que tout ce qui advient à chacun d'entre nous obéit à une logique, parfois même à une volonté qui est en nous, mais dont nous ignorons tout. Je ne parle pas de fatalité ou d'intervention divine : je laisse cela à d'autres ! A ceux qui veulent aujourd'hui tirer les fils et nous écraser sous leurs certitudes. A ceux qui disposent de toutes les clés pour expliquer le monde et nous ouvrir les portes du paradis !... et qui, dans un même élan, se croient investis du pouvoir d'interdire ou de permettre, d'émettre des sentences, de stigmatiser les faits et dires de ceux qui ne sont pas comme eux." (p. 23)

Quelle logique mystérieuse se trame sous la vie d'Amina, victime, avec tant d'autres, du tremblement de terre de 2003 en Algérie. Gisante, choquée par le séisme et mémoire effacée par le choc, elle est recueillie par une vieille femme dans un camp de toile en bordure de la ville détruite, avec d'autres adolescents.
Il y a de l'autobiographie dans ce récit de Maïssa Bey, qui fut elle-même victime quand elle était adolescente (lire ici ).
Destins croisés de femmes, qui, seules, dans l'après-séisme, redonnent sens à la vie, par une solidarité vécue...,
Description de la relation mère-fille, puisque la mère d'Amina réapparaît...
et tant d'autres choses dans ce "petit" (206 p.) livre (collection de poche (Aube-poche, Seuil)
Beau style d'écriture, dense, découpé en petits chapitres, qui vous donnent toujours envie de lire plus loin.
Je l'ai emprunté à la Médiathèque de Lyon. On peut aussi le commander ici  (7€60)

Lundi 20 octobre 2008 à 19:58


On ne retient pas l'écume     
Dans le creux de sa main
On sait la vie se consume
Et il n'en reste rien

D'une bougie, qui s'allume
Tu peux encore décider du chemin
De ton chemin
  
Yalla   !!!
        (paroles de Calogero)

Dimanche 17 juin 2007 à 14:34

Vous m'avez tant désirée, toi et maman
et mes grands frères : petits coquins, tout fiers
de montrer à leur petite soeur dans la baignoire
qu'ils avaient, eux, un zizi ! et moi émerveillée !

Petite princesse je suis née, comblée de bisous,
Trop sans doute, les petits derniers, c'est comme çà !
Mais avec toi surtout : câlins infinis, à rendre jalouse maman
et j'en voulais toujours plus, et maman de gronder !

Que cherche une petite fille dans son père ?
Des grands bras robustes, qui enveloppent et sécurisent,
Branches fortes auxquelles s'agrippaient mes menottes,
Une voix profonde,  qui me rendait d'instinct coite

Bisous qui piquent sur peau mal rasée, poils drus,
Besoin de tâter le rugueux, la peau rêche, de déplier ces gros doigts
et de se sauver, coquetterie, en hurlant, sans y croire :
"Papa, tu piques et tu sens pas bon : je te déteste !"

Tout était permis à la petite fille "normale" !
Et puis, un jour, à mon insu, j'ai changé de statut...
Expertises médicales : tant de choses désormais défendues !
Ce fameux gène qui m'a fait déchoir en potiche fragile !

Vous n'étiez plus les mêmes avec moi, ni toi ni maman...
Votre regard avait changé ! l'enfant ne sait pas, mais il sent...
Et ces "vacances de ski"... sans ski, et le cheval, pas pour moi
et ces profs de gym qui me mettaient à l'écart devant toute la classe.

Trop petite pour comprendre, et surtout rien de sûr :
Surtout ne pas alarmer une enfant quand la maladie
ne s'affirme qu'à la croissance : je comprends aujourd'hui votre silence
mais alors, je me sentais coupable... coupable sans savoir pourquoi...

Et puis, les tests, le temps de la croissance, quand le mal se découvre,
Que l'on respire court, que le coeur ne veut pas suivre...
Mais déjà trop "grande" pour me réfugier dans tes bras,
non pour rire désormais, mais pour pleurer...

Alors, tu m'as parlé, longuement, un soir, tout expliqué,
ce qui était sûr, confirmé, et ce qui pouvait être risqué,
mais qu'il fallait attendre, et surtout rester calme, grandir,
adolescente à l'apparence normale, mais la bombe en moi.

Ce soir-là, tu m'as donné de ta force... J'ai débuté mon apprentissage
Et tu m'as emmenée en vacances, à Haïti et Saint-Domingue,
en Thaïlande et au Cambodge, au Cameroun et au Gabon,
là où les touristes ne vont jamais, où les enfants souffrent.

Et j'ai appris partout, dans la boue des pluies de mousson,
sous les baraques de tôles, dans la chaleur et les moustiques,
à sourire, comme tous ces enfants, sans soins, si peu nourris,
certains peut-être eux aussi malades, mais sans le savoir...

Et j'ai compris que je n'étais qu'une étincelle parmi d'autres,
dans un immense brasier qui brasse et brûle tout ...
Une étincelle ne se plaint pas, elle brille un temps et s'éteint
Et de retour en France, je sentais toujours plus l'artifice des choses.

La rentrée dernière, tu as voulu que je prenne mon essor, seule,
L'oiseau au nid reste trop dépendant, il faut l'aider à voler...
C'est dur ! et je goûte ce plaisir d'être revenue en vacances au nid...
Plus tard sans doute, j'apprécierai, mais déjà pour ce qui a été avant,
Merci papa !

Jeudi 7 juin 2007 à 16:59

Tu ne voulais pas que l'on t'appelle ni Mémé ni Grand-Mère
Alors, tes petites-filles et nous, leurs copines, t'appelions Happy
Happy, Bonheur, tu méritais bien ton nom, toujours bout-en-train malgré tes 75 ans,
De ta voix éraillée mais forte, tu domptais notre petite bande folle de 12-16 ans,
débarquant sur ton île en été, de tous coins de France,
une bonne douzaine de filles, avides de soleil, de courants marins et de vents
(les garçons, frères aînés, taquinaient le vent en planches à voiles).
Nous t'adorions ! ta maison : notre refuge au retour de la plage
ou des virées folles à travers l'île-aux-Moines, vélos étalés en vrac
sur la pelouse verte devant ta porte, pour manger la crêpe de sarrasin
dont tu nous as appris la recette, comme celle du Kouing-aman,
et de mille autres pâtisseries bretonnes.
Avec nous, tu ne craignais pas d'aller nager au bout de la digue,
en bas de ta maison, et nous t'accompagnions en vélo les jours de marché,
de la pointe du Trech à la place du village : 2 kms, mais interminables !
car tu connaissais tout le monde sur ton île, et tous te saluaient,
et pour chacun, tu avais le mot et le sourire, et les souvenirs qui remontaient...
Tu étais la complice de nos escapades :"Maman, on va chez Happy !"
et les parents de nous laisser partir, confiants... Donzelles rusées,
nous allions souvent, ailleurs, taquiner les garçons de nos âges,
mais au retour, chez toi, nous racontions nos secrets.. et nos insuccès !
Tu savais tout de nos témérités, mais gardais bouche close.

L'été dernier, je t'ai entrevue pour la dernière fois,
dans cette maison de retraite, sur cette chaise roulante...
Seule ma mère s'est approchée de toi, te parler doucement,
mon père et moi restés cachés à l'écart derrière un buisson,
parce que nous savions que tu ne supportais plus le regard des autres,
toi, fière et vivante, que jamais je n'ai entendu se plaindre,
tu souffrais de la déchéance de la vieillesse,
et ne voulais plus que tes petites-filles viennent te voir,
parce que, parfois, tu pleurais et perdais la tête.
On t'a enterrée il y a 4 jours ... Rassure-toi, Happy !
si tu savais quel beau souvenir je garde de toi, ma mémé de vacances !

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