Pour la première fois en 200 ans, un président français va venir à Haïti...
"Événement" jugé de manière assez "mitigée" par la communauté haïtienne présente en nombre à Montréal (ici)Selon l'Élysée, il va survoler pendant une heure en hélicoptère la capitale dévastée, avec le président d'Haïti, puis fera un discours et annoncera une aide en argent "significative".
Voici qui permettra peut-être de rendre à Haïti partie de l'argent astronomique (l'équivalent de 15 milliards d'Euros actuels) que la jeune République d'Haïti a versé à la France pour "payer" le fait d'avoir été le premier pays noir à oser s'affranchir du colonialisme. (pour ceux qui ignorent cette histoire, soigneusement "camouflée" dans les livres d'Histoire français, lire ici)
Que la France donne de l'argent pour Haïti, au vu de l'histoire ancienne (le siècle de Napoléon) ou plus récente (l'aide et l'asile fournie par la France au dictateur Duvallier), ce n'est pas générosité, mais simplement justice.
Mais on peut avoir quelques doutes sur l'efficacité réelle d'une visite "historique" de la part d'un Président qui court surtout après les caméras, et qui, au dire de ses concitoyens, est coutumier de promesses creuses.
Hier, le premier ministre du Canada, Stephan Harper, est venu lui aussi à Haïti, mais là où des soldats canadiens travaillent à installer des équipements pour rendre l'eau potable et des latrines pour que les gens, logeant sous tente, puissent vivre plus dignement. (lire ici)
Le Président Français avait annoncé, il y a un mois, que la France reconstruirait à l'identique le Palais Présidentiel de Port-au-Prince... Ce qui était évidemment une sottise grandiloquente.
Le Premier Ministre Canadien, lui, annonce que le Canada construira pour le Gouvernement Haïtien une "Base Administrative temporaire", sous forme de Bungalows ou de structures gonflables, dès que les Haïtiens auront choisi un endroit adéquat.
Installer le Gouvernement à Port-au-Prince, sur une faille sismique, paraît en effet dangereux...
2 Chefs d'Etat, 2 philosophies politiques !
2 Chefs d'Etat, 2 philosophies politiques !
En attendant, sous leurs tentes, les Haïtiens, eux, attendent avec crainte la saison des pluies et ouragans.
Postedit ce midi : «Ne nous voilons pas la face. Notre présence ici n'a pas laissé que de bons souvenirs. Les blessures de la colonisation et, peut-être pire encore, les conditions de la séparation ont laissé des traces qui sont encore vives dans la mémoire des Haïtiens» Nicolas Sarkozy à Haïti ce matin.
Un bon début pour rétablir des relations entre France et Haïti...
Ce dont la population a besoin, c'est pas du palais présidentiel, mais de logements nombreux et fiables. Et qu'on ne dise pas qu'il s'agit de donner au pouvoir local les lieux nécessaires à l'exercice de ses fonctions, parce qu'un chef d'état humble et efficace devrait pouvoir gouverner dans une tente, à l'image des dirigeants de l'Histoire.