On connait l'homicide, l'ethnocide, le génocide, crimes contre l'humanité... Il faut parler aussi désormais de "gendercide" (meurtre de "genre", ou "sexe à la naissance")
L'hebdo de langue anglaise "The Economist" publie cette semaine un article intitulé "la guerre aux bébés-filles".(lien ici)
Le bébé-fille à peine sorti du ventre de sa maman est étranglé avec son propre cordon ombilical (simulation d'accident périnatal), puis jeté aux ordures.
Ceci est répandu surtout en Chine, mais aussi dans toute l'Asie (Inde, Thaïlande, Corée du Sud, Inde, Hong-Kong, Singapour) et dans certaines pays ou provinces d'Europe de l'Est (Arménie, Géorgie, Azerbadjan, Serbie, Bielorussie, Chypre) (sources Nations-Unies pour 2000-2005) .
Le bébé-fille est dispendieux et inutile.
Les filles ne gagnent presque rien à l'âge adulte, en tout cas bien moins que le garçon. Dans la plupart des pays concernés, l'enfant assure la retraite des parents âgés ou leur "succession" dans le travail agricole ou nomade. A ceci s'ajoute la politique de l'enfant unique (décrété en 1979 en Chine): tant qu'à n'avoir qu'un seul enfant, mieux vaut un garçon !Dans son dernier livre "Message d'une maman chinoise inconnue", l'écrivaine chinoise Xinran Xue raconte ceci :
"Lors d'une visite dans une famille de paysans, à peine étions-nous assis que nous avons entendu des gémissements de souffrance dans la chambre à coucher derrière la cloison. Les cris s'amplifièrent, puis s'arrêtèrent soudain. Il y eut un sanglot étouffé, et une rude voix d'homme gronda : "Chose inutile !"
"Soudain, j'ai cru entendre un léger mouvement dans le seau-poubelle derrière moi. Me retournant, j'aperçus horrifiée un petit pied dépassant de ce seau. Une femme a dû jeter ce petit bébé vivant à la poubelle. Je me précipitais presque dessus, mais les 2 policiers qui m'accompagnaient me retinrent solidement par les épaules : "inutile de s'affoler, rien à faire, c'est trop tard !"
"Mais c'est un assassinat, et vous êtes la police !"... Le petit pied dépassait toujours. Ils me maintinrent encore par les épaules quelques minutes. Une vieille dame me consola : "Faire naître un bébé-fille, ce n'est pas bien vu ici". "Mais c'était un enfant vivant !", sanglotais-je en montrant le seau. "Ce n'est pas un enfant", corrige la vieille femme", "c'est un bébé-fille, et nous ne pouvons le garder. Tout autour d'ici, on ne peut se débrouiller sans fils. Les bébés-filles ne comptent pour rien !"
Les lois de la nature font qu'en gros l'humanité fait naître un nombre égal de bébés garçons ou filles. Le léger déficit en population d'enfants mâles observé au cours des siècles venait de ce que les petits garçons étaient plus souvent victimes de mortalité infantile que les petites filles.
Avec la "régulation" sauvage par meurtre des petites filles à la naissance pratiqué au cours des 50 dernières années dans une partie du monde, Asie et Europe Orientale, cette proportion s'inverse, à tel point qu'on considère que beaucoup de garçons ne trouveront désormais personne à qui se marier. L'Académie de Sciences Sociales chinoise a ainsi calculé qu'environ 1 garçon chinois sur 5 d'ici 2020 ne trouvera pas de fille de son âge, à cause du déficit en jeunes filles, soit 30 à 40 millions de jeunes chinois "condamnés" au célibat.
Éléments que j'ai trouvé intéressants de souligner pour la "journée de la femme"
1 garçon chinois sur 5 d'ici 1920, vraiment? ;)