Chevrette Nomade

Il y a un an

Il ne se passait rien...

Jeudi 30 mars 2006 à 17:53

Le petit poney blanc
Lourds nuages, campagne pluvieuse et froide, printemps tardif ! petite chèvre blanche, j'attends un vrai soleil qui chasse froid et tristesse. J'ai le coeur en écharpe ! De tristes événements se sont  déroulés dans ma prairie, la semaine passée !
Ils ont ramené ici une connaissance, un poney blanc.
Je l'adorais, lui et sa maîtresse, douce adolescente,nommée Alaska... L'été dernier, il fût mon compagnon un mois entier,dans le pré : et ce n'était que promenades, dans les chemins autour, lui joliment harnaché, elle, sa cavalière, bottée, le montant avec tant de douceur. Tant qu'ils gardaient une allure calme, je les suivais, à ma façon : eux disciplinés,allaient droit, moi, fantasque, le moindre tendre bourgeon croquant me distrayait : après je courais à ma façon pour les rattraper !  Parfois, ils prenaient le large au galop, et, distancée, il ne me restait plus qu'à attendre leur retour... et alors je leur faisais fête, tandis qu'armée de brosses, éponge et seau, Alaska étrillait longuement Cam, le brossait, le lavait ; jalouse, je tournais autour, et folâtrais à trois pas... espérant mon tour ! Elle tenta une fois de me "laver" aussi, mais, lassée de ma bougeotte continuelle, elle a dû renoncer.... En fait, je voulais surtout la sentir, car elle sentait bon, et qu'elle me caresse ! Après son départ, en soirée avant la lune,combien de fois avec Cam, avons-nous couru à perdre coeur dans la prairie, lui galopant, moi bondissant. Heureux été !

Mais à présent j'ai pitié pour lui ! 
une patte devant cassée, pansée de blanc, au dessus du boulet, il reste couché sur la paille de ma cabane, gémit, mange à peine, et, la nuit, il semble souffrir. Je ne sais pas ce qu'il attend là...
Il me dit, en petits hennissements douloureux qu'il regrette son haras, car, poney de sport, il était champion de concours hippiques, jusqu'à ce jour récent,
l'accident : sautant une haie, il est retombé comme une masse, avec une affreuse douleur ! La faute à un mauvais cavalier ! "Avec Alaska, çà ne me serait jamais arrivé ! j'avais confiance en elle, et elle en moi ! si elle me montait, nous deux n'étions qu'un !

Des hommes en blanc se sont penchés sur moi...ils m'ont palpé, ont hoché de la tête... Heureusement, ma maîtresse est venue ! Elle leur a parlé fort, en colère, les larmes aux yeux... Ils sont repartis... et j'ai été
amené ici, en camion... Mais depuis, je souffre, sauf quand on me fait des piqûres !".
Après une nuit agitée, ce matin, Alaska est venue, sans ses bottes ni la selle, la chevelure défaite. Elle s'est avancée vers Cam, les larmes aux yeux. En la voyant enfin, il a cherché à se tenir debout, mais il ne pouvait pas. Alors, elle s'est mise assise sur la paille, a pris la tête du poney sur ses genoux, et, en lui caressant doucement l'encolure et la nuque, tout doucement, elle lui a parlé : "J'ai décidé, Cam, malgré moi, je ne peux te laisser souffrir, pardonne-moi..." Pendant une demie-heure, elle lui parla, doucement, comme à un enfant. Les grands yeux de Cam regardaient sa maîtresse avec adoration, ses naseaux s'enivraient de son odeur, déjà il ne souffrait plus. Lorsque la voiture s'arrêta, et qu'en descendit l'homme en blanc, arrivant doucement par derrière, Cam ne sentit même pas l'aiguille s'enfoncer dans sa veine jugulaire.
Il galope la crinière au vent...               Il galope vers son destin,
La douce brise d'été,                           Avec un tel entrain,
Lui rapporte des mots craquants,           Que ça lui donne un air serein.

Vint le jour où il s'est effondré,
Sur mes genoux, sa tête était posée,
Il m'a longuement regardé,
De son regard plein de tristesse,
Mais aussi, d'une infinie tendresse.

J'ai, sur sa tête, déposé un baiser,
Comprenant qu'il voulait ma bénédiction pour partir,
Et en paix mourir.
De son souffle chaud sur mes mains, il m'a remercié,

J'ai senti son âme le quitter,
Au ciel, mes yeux j'ai levés,
Mes larmes ont coulé...
Dans le bleu du ciel un poney ,
Galope en blanc nuage,
Si belle image !  
Même pour moi qui ne suis plus enfant…


mon petit cadeau à elle, dont c'est l'anniversaire demain
Alaska était le nom de son blog sur C0W. Les photos de Cam sont d'elle

Vendredi 24 février 2006 à 17:35


Moi, la chevrette, dans ma prairie enneigée, je suis contente... Pour quelques jours, tant que les flonflons du petit cirque résonneront dans le village voisin, j'ai un compagnon. Il vient ici aux heures où le cirque ferme... C'est un ânon savant. Plus grand,  et plus gros que moi, la chevrette, et aussi brun que je suis blanche.
Vedette du cirque, il sait compter., en hochant de la tête ou en tapant du sabot.
Il tire, sur commande, 5, ou 6, ou 10 pommes d'un panier avec ses babines , (les vraies pommes quoi, parce que les autres, dans le panier, ce sont des fausses en plastique... et il le sent bien ! J'en ferais autant !)
Si son maître lui demande l'heure, il tape 9 fois du sabot pour l'heure et 10 fois des oreilles pour les minutes (on lui demande toujours à la même heure !), et plein d'autres choses...
Et des fois,il doit faire le bête, répondre de travers, pour que son maître lui mette un bonnet spécial, qui fait hurler de rire les enfants d'humain... Etrange !

A part çà , qui sert à épater ces idiots d'humains et leurs enfants, cet ânon est très bête : il passe son temps à secouer sa  queue et à la balancer sur ses flancs, comme s'il y avait des mouches... Mais il n'y a pas de mouches en ce moment, en hiver, hihihi !... et pour lui parler, il faut que je me mette en face de lui sinon je reçois des coups de queue ! quel idiot !
Je suis contente la nuit, parce que, à deux, ma cabane est plus tiède, par ces froids qui givrent. Mais je suis obligée de faire attention, en me couchant à côté de lui, pourqu'on se tienne chaud tous les deux, toujours à cause de cette queue qui remue et me réveillerait.
Ah, ces garçons avec leur queue, je vous jure !
Mais enfin, mon âne ne ronfle pas la nuit, déjà çà !

Dans la neige de la prairie, il s'amuse comme un fou, fait des roulades dans la neige, et quand il fait ses roulades, je bondis au dessus de son corps ! "Saute-mouton !"crient les gamins du village, derrière la barrière de la prairie, en applaudissant.
Il m'aide bien, mon âne, parce qu'il déblaie bien la neige avec son museau, pour trouver l'herbe qui reste, par dessous,et je passe derrière lui parce qu'avec ses dents énormes, il gaspille beaucoup et laisse plein de brins non broutés.
Bref, on est devenus amis.
On se cause aussi, entre bêtes ! Il me raconte qu'avec lui, dans le cirque, il y a d'autres animaux :
Un lion qu'on ne veut pas laisser avec nous dans la prairie, parce qu'il pourrait nous manger (je comprends pas bien comment, j'ai des cornes, moi, pour me défendre !),
Un lama dégoûtant qui crache sur tout le monde,
Et des petits chiens savants frileux qui sont toujours habillés et prendraient froid s'ils étaient avec nous (de toute manière, je déteste les chiens : cette race a fait pacte avec l'Homme et ne pense qu'à mordre les chevrettes !).

A part çà, on cause des Hommes ! Mon ami l'âne, en se balladant avec le cirque, a appris à bien les connaître :
"De toute manière, nous sommes fichus, nous les animaux !
"L'Homme nous réduit en esclavage, nous parque dans des endroits clos ou des camps de concentration pour nous manger... "
"Même moi, l'âne, qui lui ai pourtant été si utile pour transporter les marchandises, je disparais. Nous sommes encore quelques uns dans les cirques, ou chez des riches excentriques. Dans les fermes, on ne nous veut plus : le 4X4 fait bien mieux que nous ! Un monde mécanique, où l'animal aura disparu ! le rêve de l'Homme. Il parait que nous servons encore dans quelques pays qu'ils disent "sous-développés". Je suis un résidu du sous-développement ! D'ailleurs, c'est pour çà qu'ils me gardent dans le cirque : les petits enfants n'ont jamais vu de lion, mais ils n'ont jamais vu d'âne non plus ! "
"Même les chiens ! En été, tu ne peux pas savoir combien de chiens mon cirque trouve, attachés à des arbres, sur les petites routes que nous parcourons... Aucune gratitude même pour le "meilleur ami de l'homme"...
"Et à force de nous mettre dans des camps de concentration, les uns sur les autres, nous devenons malades. Il paraît que même les oiseaux deviennent malades ! et que même les poissons des rivières et des mers disparaissent. L'homme veut rester seul maître du monde."
"Il va réussir ! Il sera maître d'un désert..."
Pour consoler mon âne, je lui donne des petits coups de langue au museau. Mais même ces petites lichouilles affectueuses ne réussissent pas à le consoler. Des fois, il se met à courir à travers la prairie comme un fou, désespéré, en hurlant des "HIHAN" à vous fendre le coeur !
Il pense trop, mon âne savant ! çà le rend fou !
Ceci est le 11ème conte de la chèvre sur ce blog : pour lire les autres, clique ICI

Mardi 24 janvier 2006 à 16:48

Chevrette et fillette
Dur l'hiver pour une chevrette ! Je déteste ce froid, ce brouillard glacé rampant au matin , ce soleil paresseux ! et ma prairie à l'herbe roussie par le gel n'est plus appétissante ! Heureusement, une vieille femelle humaine sort tous les matins d'une maison voisine, m'apporte une fourchée de foin, remplit mon auge d'eau...
Alors, couchée sur la paille de ma cabane, je rumine et rêve... des beaux jours, de l'été, de souvenirs agréables.

 L'été dernier ! une belle et chaude après-midi !
Arrive dans ma prairie une enfant d'homme, à la longue chevelure chataîgne dorée. Habillée de rien, un paréo de soie  multicolore, elle serre sous ses bras une petite table pliante, un siège en toile, et, à sa main, un sac plat semble lui peser... Elle s'installe à la limite de l'ombre d'un grand arbre, déplie table et tabouret au soleil ... tire du sac un objet étrange qui s'ouvre, découvrant des rangées de boutons, et elle s'asseoit . Le paréo a glissé à terre. Curieuse, je m'approche derrière elle, à un mètre. Son dos est nu, sauf 2 ficelles, en haut et autour des reins, qui semblent tenir on ne sait quoi ! Elle appuie sur un bouton et l'engin étrange sur la table ronronne doucement. Des signes étranges, des images, des couleurs apparaissent.
Encore plus curieuse, j'avance : cette enfant sent bon ! Des parfums de lavande, de chèvrefeuille, de fougère... Envoûtée par ce musc étrange, je pose ma tête sur la frêle épaule. Surprise, la fille se lève brusquement et je détale à 10 mètres, fais 2 larges tours en cabriolant autour d'elle et de la table. Puis je reste immobile, un peu loin....
Nous nous regardons, figés. Elle fait mine d'avancer vers moi, je fais mine de détaler... On n'attrape pas une chevrette facilement ! Alors, docile, elle se rasseoit et pianote sur les touches de son engin. Trop attirée par son odeur, je reviens à elle. Du coin de l'oeil, chacune surveille l'autre... mais, cette fois, elle me laisse. Je remets mon cou sur son épaule, enivrée de son odeur ! Tête contre tête ! Elle glisse une main dans les poils de mon cou et semble apprécier la douceur du poil angora !
"Comment tu t'appelles ?" me demande-t-elle d'une voix cristal. Pourquoi les enfants comprennent-ils tout de suite le langage des animaux ?

"Personne ne m'a jamais donné de nom ! La vieille dame, qui est peut-être ma propriétaire, pousse de bêtes bêlements pour m'appeler... Mais je ne suis pas un mouton !"
"Alors, moi, je vais te donner un nom : tiens, j'ai une idée !  Tu veux bien que je t'appelle CAPRI..., parce que tu fais des CAPRIces !"
"Et, toi, je dois t'appeler comment ?"
"Moi, c'est Aude, mon petit nom ! Dis-moi, Capri, tu m'aimes ?"
"J'adore ton odeur !"
"Oui, parce que je me suis lavée les cheveux avec un shampoing aux herbes ce matin ! Mais MOI, pas mon odeur, MOI, tu m'aimes bien, dis !" Elle me pose cette question d'un ton presque suppliant !

Je réponds : "J'aime bien ta peau lisse et sans poils, couleur d'ambre, mais j'aime aussi tes longs cheveux couleur des feuilles dorées en Automne ! "
"Oh, que c'est joli ce que tu me dis, là,  Capri ! mieux que ce que me disent les garçons à l'école. Mais tu réponds pas à ma question : MOI, tu m'aimes , dis !"
Pour lui répondre, je hume un moment, à sa grande surprise, en bas de son ventre, que cachait un petit triangle de tissu, puis je lui réponds : "Bah, tu sais, Aude, tu es comme moi, tu es pucelle ! Nous les animaux, nous flairons un moment comme je viens de te le faire pour savoir si on peut s'aimer... Il y a des jeunes boucs qui viennent de temps en temps me flairer comme çà ! Ben, pour le moment, tu es comme moi, tu n'es pas encore mûre ! Je peux aimer ton odeur, tes cheveux, tes parfums, plein d'autres choses... mais c'est tout ! Mais oui, j'aime bien être avec toi, parce que tu sens bon !"
Un peu déçue, semble-t-il, par ma réponse, elle se remet à pianoter, et je pose à nouveau ma tête sur son épaule...De nouvelles images inondent le rectangle brillant devant elle, tandis qu'elle remplit nerveusement des lignes de signes étranges.

"Tu fais quoi là, Aude ?"
"Je continue mon blog, je viens ici pck ici mon ordinateur portable capte le Wifi. Chez mes grands parents, où je suis en vacances, je peux pas ! ici, il y a pas loin une maison qui émet des ondes Wifi ! Je pirate, quoi ! Tu le diras pas, hein !"

"Tu sais, les grandes personnes ne parlent jamais à une chevrette ! donc çà risque pas ! mais c'est quoi, çà , un blog ?"
"Dans un blog, tu mets tes idées, tes pensées intimes, des images ! Tiens !"
Elle saute de son tabouret, fouille son sac, en tire une petite boîte brillante, s'éloigne à 3 pas, et met la boite devant ses yeux. Un éclair s'échappe, et je détale à 10 mètres.
"Faut pas avoir peur, Capri, je t'ai juste prise en photo. Comme çà demain tu seras dans mon blog !"
Elle délire, cette petite ! "Je veux rester dans ma prairie, moi, je veux pas aller dans ton blog ! Je comprends pas ! Tu veux m'enfermer ? çà jamais !"
"Mais non, Capri, t'es bête !"
"Exact, je suis une bête !"
"Oh, pardon" , dit Aude "je voulais pas te vexer !"
"Tu ne me vexes pas, c'est la réalité : d'ailleurs toi aussi tu es une petite femelle d'homme !"
Là, c'est Aude qui parait vexée : "Oh ! je ne me voyais pas comme çà !"

Silence gêné !... "çà fait rien, tu sens délicieusement bon. Tu ne m'as toujours pas dit pourquoi tu fais un blog ?"
"Tu vois dans la maison de mes parents, il y a plein de livres sur des rayons. Ce sont des gens qui sont morts et pourtant ils existent toujours, à cause des livres qu'ils ont laissés. Moi, je suis malade et je vivrais peut-être pas longtemps : alors je fais un blog pour vivre après ma mort, un peu comme les gens qui font des livres... Et puis, on existe pour plus de gens à la fois, quand on fait un blog : demain, des tas de gens du monde entier pourront te voir  dans ton pré, à cause de mon blog..."
"Je comprends pas grand chose à ce que tu me dis : je sais pas ce que tu appelles "mort" et mon monde à moi, c'est ce pré et les chemins autour ! Bon, tes bonnes odeurs m'ont donné faim, je pars manger !"
Aude est revenue, chaque jour de soleil, l'après-midi, pendant 2 semaines. Parfois avec un petit chien gris perle qui s'acoquina avec moi, et nous faisions des jeux de courses et de feintes sans fin, autour de la table d'Aude...Un soir, elle m'a annoncé qu'elle repartait... et je ne l'ai plus revue. J'ai chevrotté quelques jours, pour l'appeler...
finalement je l'aimais peut-être, ELLE !

(Pour lire les autres "contes de la chèvre", cliquer sur la catégorie "contes de la chèvre"

Samedi 26 novembre 2005 à 10:31

Aujourd'hui, j'ai décidé de varier mon menu : des chemins creux
Cernent ma prairie.  Les haies ! mon garde-manger préféré :
J'y trouve mon dessert : framboises, mûres et myrtilles!
Et les pointes vertes de l'acacia et de l'églantier !
Chevrette maligne, je me hisse à bonne hauteur,
Et, pattes devant contre le tronc ou le muret,
Je croque et arrache les pousses délectables, quand…
Un bruit entre mes pattes de derrière ! Je bondis !
Cette boule brune bardée de piquants, un Hérisson !
Imbécile : un peu plus il me dardait les gambettes !
« Hérisson imbécile, lui dis-je, un peu plus tu me piquais ! » et, pour me venger, d'un léger coup de cornes, je l'envoie bouler en bas du talus…


Il roule sur le chemin, et je continue à grappiller, débarrassée de cet intrus barbelé, toute à ma quête gourmande !

Mais l'histoire ne finit pas là ! 
Un troisième larron arrive…  
Un renardeau, gourmand , s'intéresse de près à notre hérisson,
Poussé par l'instinct et la ruse, il lève sa patte de derrière…
Et… fait pipi sur notre hérisson : petit goupil a vu faire sa mère
Et connaît le TRUC 
: le hérisson, dégoûté par cette urine, se retourne, se déplie et offre au prédateur son ventre dodu :reste à croquer cette chair délectable, comme châtaigne dans sa gousse !
Spectacle sanglant et cruel, que moi chevrette je ne supporte pas ! Pfff ! un renardeau, j'en fais mon affaire : je lui fonce dessus, cornes en avant, chevrotante de colère : le petit voyou roux, surpris, s'enfuit tel chiot apeuré !
Encore tremblant de peur, petit hérisson leva son groin vers moi et me dit :

« 
Merci, chevrette ! Toi, le premier être qui m'aura aidé ! »
Tout étonnée, je lui dis : « Tu sais parler maintenant ? j'ai toujours entendu les hérissons grogner en remuant bruyamment les feuilles mortes ! »

 « GROGNON ! bien sûr que je GROGNE !
ô toi, chevrette secourable, je t'en prie, écoute ma plainte ! »

Je m'assieds donc et j'ai écouté la :
MELOPEE DU HERISSON PLAINTIF


REFRAIN
Je ne suis qu'un cochon miniature, un sanglier nain !
Dame Nature fit évoluer mes soies en piquants,
Et, depuis, mon groin couine de chagrin !
De ma triste vie écoute le noir roman !

1er couplet :
Ma vie est marquée par la crainte, je suis souvent en boule !
La cruauté de ce monde me dégoûte, je me hérisse !
Ainsi replié sur moi, je contemple mon nombril !
Et, quoique pétomane,  j'ai le nez collé sur mon Q !
2ème couplet :
Rase-mottes, je ne mange que mets pourris
Limaces, vers et escargots sont mon menu
Mon dessert, (à grands risques !): les croquettes
Du chien, dans le jardin d'un monsieur chenu…
3ème couplet :
Mes amours ? si compliqués ! approche malaisée
Entre 2 partenaires de piquants hérissés !
Une belle, l'autre jour, que je voulais bécoter
Se mit en boule… mes lèvres sont encore marquées !
4ème couplet :
Tôt ma mère m'a rejetée, la cruelle !
Mes piquants irritaient ses mamelles !
Aucun enfant ne me fait de câlin
Je ne suis qu'un pauvre orphelin !
5ème couplet :
La nature est striée de rubans goudronnés
Où meurent par milliers mes congénères à peine nés !
A l'extinction progressive, ma race est condamnée
A un affreux pessimisme je suis résigné !
FIN DE LA MELOPEE 
J'ai passé le reste de l'après-midi à aiguiser mes petites cornes contre une vieille pierre !
Moi aussi, maintenant, j'ai peur…. Je sais pas pourquoi ! C'est contagieux, le pessimisme ?
et si jamais vous découvrez un hérisson en détresse, pour savoir quoi faire, cliquez ici

Dimanche 13 novembre 2005 à 18:17

8ème
conte
la philosophie de l’absurde


(pour lire les autres contes philosophiques,cliquez sur la catégorie adhoc)













Cela débuta par quelques milliers de voitures brûlées à travers le pays :


des jeunes de banlieue, mal dans leur peau… On les
mit en prison, on les expulsa !

Les compagnies d’assurance… rassurèrent… Un ministre menaça …

On sonna le tocsin, on établit des couvre-feu… Mais les flambées reprirent de
plus belle !

Les écolos brûlèrent les 4X4, dont les propriétaires furieux
brûlèrent les voitures ordinaires. Chacun, rendant son voisin responsable de l’incendie de sa
voiture, brûla la voiture du voisin !

On mit le feu aux fourgons des CRS, des pompiers, dans leurs
casernes même !

Pire qu’une grippe aviaire, le mal avait pris et se
répandait !




















Tel boîtes d’allumettes, les voitures brûlèrent dans les rues,
en file !

Dans les parkings des supermarchés, en carré !

Dans les gares de triage, qui les exportaient ou les importaient,
peu importe !

C’est si facile et beau, une bagnole qui flambe ! les gens y
prirent goût !

Et la Campagne suivit la Ville, puisque c’était à la mode !

Il n’y eut bientôt plus une voiture dans le pays !

Le Président en personne mit le feu à sa dernière voiture
,

Devant les caméras du monde entier, dans la cour de
l’Elysée !


On était désormais débarrassé à tout jamais de ce mal absolu,


De cette machine maléfique et polluante, LA BAGNOLE !  




























Les rues devinrent silencieuses , l’air des villes respirable,

Et on roula en vélo sur les autoroutes !

Il n’y avait plus de blessés ni de morts de la route,

Et le trou de la Sécu fut comblé… d’autant qu’on laissa mourir

Les vieux, les malades cardiaques avec leur infarctus,
(Trop long de les amener à l’hosto avec des brancards !)

D’ailleurs, la santé de la population s’améliora, avec la marche à
pied

L’asthme des jeunes enfants s’évapora en même temps que l’obésité.



Quelques années après, sous une meule de foin, au fond d’une vallée alpestre,

On trouva un fossile : une vieille 2CV Citroën, échappée à
l’autodafé.

Des badauds par milliers vinrent la voir, cette miraculée.

Le Gouvernement sortit un décret ! La vieille 2CV fut escortée jusqu’à la Capitale,

Entourée de gardes républicains à cheval et portée solennellement

A bout de bras par les élèves des Grandes Ecoles qui se
relayaient.

On l’exposa devant la Tour Eiffel pendant 1 mois !



A présent, vous pouvez la voir, sous la pyramide de verre du
Louvre,


Entre la Joconde et la Victoire de Samothrace !





Vivre,
c'est faire vivre l'absurde. Le faire vivre, c'est avant tout le regarder...


(d’Albert Camus, dans
Le Mythe de
Sisyphe
, essai sur l'absurde (1942)  )



Mardi 8 novembre 2005 à 18:57



Un clochard fou dans ma
prairie : Diogène




(7ème conte philosophique)



Il fait un grand
soleil dans ma prairie! Tout d’un coup, à côté de moi, un petit rouge-gorge de
mes amis s’envole effrayé ! Je relève la tête ! Là-bas, près de  la haie, un
tonneau est venu s’échouer, et, à côté du tonneau un homme !
Etrange ! avec une lampe allumée à la main, il marche et semble chercher
quelque chose ! Une lampe en plein soleil ! encore un taré !
(il y en a
beaucoup dans cette race des hommes)
. Je veux voir de plus près et m’approche.
Pire que ce que je pensais : cet homme ne porte sur lui qu’une
sorte de guenille puante… qui ne cache pas le fait qu’il est TOUT NU !

Pas
de slip, pas de pantalon !

Bon, moi perso, la chevrette, je m’en fous un
peu… mais çà se fait pas çà, pour un mâle d’homme
. (Des jeunes femelles humaines,
oui, j’en ai surprises, étendues toute nues au soleil dans ma prairie,

mais
c’est pas le sujet !)




"Eh, monsieur, lui dis-je, çà va pas la
tête ? Vous cherchez quoi, comme çà,

tout nu avec une lampe allumée,
à midi, dans cette prairie ?
"

" Tiens, me répondit-il, une chèvre qui parle ! Ben pourquoi pas, après
tout !

Vu que les hommes sont tous devenus des moutons,

pas
étonnant que les chèvres se mettent à parler !


Eh bien, chevrette, bonjour à toi ! de la
part du Chien
 !

Ce que je cherche, c’est l’Homme, le Vrai
 !»

 «
Mais, monsieur, pourquoi parlez-vous de moutons
pour vos semblables ?

et puis vous, vous n’êtes pas un chien !
 
»

Diogène chassa une grosse mouche
(il puait plus qu’un vieux bouc !) :

« 
Ce sont mes
contemporains qui me traitent de chien,

et mes disciples, de « cyniques »
(disciples du chien !) .

Parce que nous leur disons qu’ils ne sont
que des moutons consommateurs,

attachés aux richesses matérielles.

Notre
idéal, à nous cyniques, c’est le
détachement de tout.

C’est pour
cela que je loge dans ce tonneau, comme un chien dans sa niche !


Les autres, je les provoque, je les nargue, 
je les enc**e, je me fous d’eux !


des moutons
 ! qui
courent après la mode, les richesses, les honneurs !

Dis-moi, chevrette,
j’ai chaud ! tu sais où il y a de l’eau dans ce bled 
? »

 Je menais Diogène à une mare, derrière la
haie, entourée de bouses de vaches, à l’eau verdâtre pleine de têtards et de
crapauds. Il y roula son tonneau, le mit debout rempli de l’eau de la mare et
se mit assis dans le tonneau devenu baignoire.


«
 Va me
chercher des chardons bien piquants !
 
».

Je lui amenais 10 gros chardons : il en fit une
boule et s’en servit comme gant de toilette !

«
çà gratte pas trop ? » lui demandais-je étonnée !

«
Bien sûr que çà pique, idiote ! mais c’est ce que je
veux !

SOUFFRIR pour atteindre ce qu’il y a au fond de moi-même !
 
»

Après s’être frotté jusqu’au sang, Diogène sortit de son
tonneau !

Des dizaines de taons se précipitèrent pour le piquer

et,
heureux, ce philosophe étrange les laissa faire,

un sourire d’extase sur ses
lèvres ! 

Mais moi, je crains
les taons
… et je courus loin de ce clochard fou !






Diogène le Cynique (v. 413-v.
327 av. JC)


 Le nom même de cynisme dérive de son
sobriquet, le Chien, dont l'affublèrent les Grecs pour illustrer le
comportement sans pudeur de cet homme qui vivait comme un animal :

il faisait
tout en public, mangeant, injuriant et se masturbant devant ses concitoyens.



Les anecdotes émaillent sa vie. A Alexandre le Grand, planté devant son
tonneau, qui lui demandait ce qu'il désirait, il répondit sans ambages : “Que
tu t'ôtes de mon soleil”. Platon l'a décrit comme “un Socrate en délire”. A
l'instar du philosophe, il encourageait les hommes à observer leur comportement
et à mener une existence vertueuse, c'est-à-dire affranchie de toute servitude,
contrainte (sociale ou morale) et désirs de richesses et d'honneurs. En
rejetant la possession, les biens et les conventions, il se concentra sur la
maîtrise de la seule chose de valeur qui pour lui existait : son âme.

Si
Socrate avait encouragé la vie simple, Diogène,lui, vécut une existence digne
d'un pur ascète






Vendredi 4 novembre 2005 à 22:37



                L'

et la Chevrette


(6ème conte philosophique)


Quand je suis sortie de la caverne de
Platon
(lire le conte philosophique précédent)

La prairie ensoleillée était encore toute humide de l’averse.

Et évidemment, ma première rencontre fut celle d’un escargot !

Je déteste les escargots : ils
bavent partout sur les plantes odorantes que je croque !

 De plus celui-ci, un petit gris, était
effronté :

ses petits yeux, perlant au bout de cornes rétractiles, me fixèrent avec
malice.

« Alors, chevrette, on cherche un
bouc !
 »
me lança-t-il gouailleur.« Si jeunette !  T’as pas
honte de courir les garçons !
 »


 Un vrai lascar d’escargot, celui-là, et
malpoli en plus !


« D’abord, je connais pas de bouc !  et puis que sais-tu de mon âge, toi ,
spirale grise ?
 »


L’escargot cracha un jet de bave blanche et ricana : « 
Tu sais, je suis très bien placé pour jouer le voyeur, là,
dans l’herbe, sous ton ventre : les 4 ridicules petits tétons roses comme
tu as ne font pas une vieille bique !
 »

Commençait à vraiment m'énerver ce mollusque !

« Alors, si je suis si jeune, pourquoi veux-tu que je
cherche un bouc ?
 »

« Tes
hormones, ma chérie, tes hormones ! Vous autres, mammifères, elles vous
commandent !
 »

Vexée, je lui répondis « Ben, toi aussi, tu es bien un animal comme moi ! »

Nouveau crachat de bave : «
 Et en
plus d’être chèvre, elle est ignare ! Ne sais-tu donc pas que je suis
hermaphrodite ? à la fois mâle et femelle 
?
»



Moi, toute mon éducation sexuelle se résumait à ce que le Centaure, dans ses
vilains jeux, m’avait appris lors de mon vagabondage interstellaire
(voir le 2ème conte du 4 Octobre).
Hermaphrodite, je connais pas !




 « 
Tu me racontes des histoires
là, escargot !

On peut pas être les 2, garçon ET fille !  On est l’UN OU
l’
AUTRE !
 »





« Eh bien, moi, l’escargot, je suis l’UN ET l’AUTRE !

Pour moi, l’amour consiste à chercher le MEME

et non, comme vous, ridicules mammifères, à courir après l’AUTRE !

C’est d’ailleurs pour çà que nous, les escargots, nous avançons si
lentement !

Pas besoin de courir : l’AUTRE est en nous !

Nous sommes des êtres complets, nous 
! »

Décidément, ce petit escargot me
remplissait de curiosité !



Comment faisait-il pour être à la fois
garçon et fille
 ?

Mais il n’existe pas d’animal plus habillé que l’escargot !

Et sa coquille ne permet pas de savoir
à quoi çà ressemble,

En dessous du nombril, un
hermaphrodite !



« 
Pourtant, c’est beau l’Amour » susurrais-je d’une voix romantique !

Et, en disant ceci, je rêvai d’un
jeune et beau petit bouc

qui me guetterait par dessus la haie, là-bas, au fond de la prairie !



 « 
Hihi, si tu veux, chevrette ! tu
verras bien !



Le jour où un vieux bouc puant te foncera dessus,



l'AUTRE, la DIFFERENCE, tu sauras ce que c’est !



Il s’en passe des choses dans cette prairie,



Où rôdent sangliers, cerfs, lapins, faisans ou autres !



Et mes yeux, au bout de leurs cornes,
peuvent voir de tous côtés !

L’Amour, impérieux et impétueux,
est brutal !



C’est le besoin qui le déguise
sous les traits de la beauté,



et fait rêver jouvenceaux et midinettes de toutes espèces !



Mais rêve, petiote, rêve ! C’est
si doux de rêver !



Tiens, moi, je vais m’occuper, TOUT
SEUL !
 »




Et l’escargot s’éloigna, laissant
derrière lui une trace brillante…







Jeudi 20 octobre 2005 à 21:20


 
Résumé des contes précédents.
(catégorie : contes philosophiques):




Après avoir parcouru le ciel, et y avoir rencontré de savants
philosophes



Y avoir vécu des amours étranges, Petite Chèvre est retombée sur terre



et la voici même maintenant sous terre dans la Caverne de
Platon !







5ème conte philosophique : Ombres chinoises dans la caverne de Platon !







Au fond de
la caverne
, un étrange cinéma : des ombres
chinoises piaillaient,


et dansaient, sur une sorte d’écran blanc. Je me suis approchée curieuse :

Au fond
d’une fosse
, 
entassées en masse gesticulante, toutes les créatures

Qu’une Terre peut porter : bêtes, du cheval au furet en passant par
l’éléphant,

Des êtres humains (j’ai même vu des copines de lycée de l’an passé !)

Des plantes de toutes tailles, du Baobab à 
la myrtille rampante…

et derrière elle un grand Feu qui les éclairait et projetait leurs ombres

étranges silhouettes immenses et macabres, dansant à chaque éclat de flamme…


























Soudain derrière moi, quelqu’un grommela : « Chevrette, que
fais-tu là ?
 »



Je me retournai apeurée : derrière moi, je vois un fantôme !



Un corps de squelette, surmontée d’une grosse tête, assis à une
« table »



Entrain d’écrire : je lus les titres de certains de ses livres, déjà
anciens



Qui
traînaient au bas de la table : le
Banquet, la République, l’Apologie de Socrate




Pas de doute : c’est  PLATON en
personne !

Platon a un gros pif ! La preuve :







 « Pourquoi viens-tu me troubler, quand je compose mon œuvre
posthume?
 »


Penaude, devant un si grand homme, je répondis : « C’est l’orage
qui m’a poussée ici ! Il y a du feu pour se chauffer et je suis à l’abri de l’averse !
 »


 « ILLUSIONS ! » , cria Platon, «TOUT CELA EST
OMBRES  ET ILLUSIONS !


comme tout ce que tu vois au fond de cette caverne »


J’osai répondre : « Pourtant, je vous assure que je suis toute
mouillée
 ! »


Platon eut un gros rire, tous les os de son squelette s’entrechoquèrent

En un
vacarme infernal : « Tu sècheras, et ne te souviendras même plus


Que tu as
été mouillée ! Tête de Linotte, petite chevrette qui te croit belle,


Alors  que tu n’es que jeune et
étourdie : dans quelques années,

Tu seras
une vieille bique teigneuse et puante… Je ris de vos illusions,

Oh vous les
jeunes ! Moi, vieux squelette philosophe qui vous voit

Vous
teindre lèvres et ongles, vous orner avec des atébas, des piercings !

Tous, nous
ne sommes qu’ombres changeantes


Que manie le grand Magicien Chinois… Le Monde, un théâtre
d’Ombres ! 
»




Toute effrayée, je me voyais déjà en vieille
bique
et me mis à pleurer…

 « Je vais repartir, Monsieur, je vous ai sûrement dérangé ! »

Platon se radoucit : « 
Non, petite chèvre, pas tout de
suite !

Vois-tu, la vraie philosophie ne s’enseigne pas en doctes cours ni en livres.

C’est en
dialoguant, comme nous faisons tous 2, toi et moi maintenant


Que tu
apprendras à philosopher… C’est ce que Socrate m’a enseigné


Avant qu’ils ne le condamnent à un affreux suicide !

J’ai lu ton blog : tu veux faire de la philosophie en racontant des contes

et tu as raison : moi aussi, à la fin de ma vie, j’ai écrit  en mythes,

 
A travers les images de mythes, on atteint bien
mieux la Vérité

Qu’à travers des manuels ennuyeux et illisibles au langage obscur !

A présent, le soleil est revenu, retourne en ta prairie,

mais reviens me voir,
j’adorerai continuer ce dialogue avec toi…. »













Très impressionnée, je quittai Platon et sortis de la caverne.



Devant moi, la prairie fleurie et le soleil qui brillait…



et, derrière moi, mon OMBRE qui me poursuivait !












Mercredi 12 octobre 2005 à 18:20


Petite Chèvre en a marre de se balader dans les étoiles…
d'écouter d'ennuyeux philosophes… (2ème conte)
et, après ses amours suspects avec le Centaure, (3ème conte)
elle a besoin de se reposer…et surtout ELLE A FAIM !
Rien à se mettre sous la dent dans les espaces galactiques !
Elle retourne de ses 4 sabots sur notre vieille bonne Terre !
Moins « fabuleux » ? A voir ! ! !
 4ème conte philosophique 
En ce tôt matin, la prairie était superbe !
 et Petite Chèvre s'y régalait de bon appétit

Cisaillant du bout de ses dents la menthe sauvage, la marjolaine,
le bouton de fleur à peine éclose et les petits bourgeons verts.
Soudain son œil droit fut attiré par un éclat chatoyant !

Une goutte de rosée, quoi de plus ordinaire ?

Mais celle-ci, tapie sur le velours rouge d'une pétale,
Se mirait des couleurs de l'arc-en ciel et recelait une merveille :
Une petite Fée Sylphide nonchalante y prenait son bain !
Un éclat de rire cristallin éclaboussa l'œil de Chevrette :
« Ne me croques pas, Chevrette, mon goût pourrait être amer ! »
« D'habitude, je goûte fort la goutte de rosée avec l'herbe parfumée, »
rétorqua Chevrette, « mais carnivore je ne suis point ! Qui es-tu ? »
Moqueuse, la Sylphide répondit « Mon goût est salé, car cette nuit j'étais
Larme d'une amoureuse que son Beau Prince a éconduite.
Ce matin, je suis devenue rosée de l'aube… Tout à l'heure, je serais terrible !

Mais Goutte je reste, et Goutte je demeure : le reste n'est qu'apparence ! »
 « Terrible ? ? ? Pourquoi serais-tu TERRIBLE ? » répondit Chevrette, surprise.
Le Soleil pointait ses dards sur la prairie,  partout les gouttes de rosée s'évaporèrent,
De lourds nuages noirs obscurcirent le ciel. Soudain l'Orage éclata.
L'averse inonda la prairie, et Chevrette grelotta dans sa fourrure mouillée !
De sa barbichette, une goutte pendait, qui chanta :

« Rosée du matin, je parais  
Mais aussi larme d'amour
Ou  encore averse d'orage
Et pourtant  goutte je reste ! 
Petite chèvre sotte, comprends-tu ? »

« Que nenni, chevrota la chèvre, je n'y comprends …goutte ! »
et, trempée, elle courût se réfugier dans une grotte,
là-bas au fond de la prairie….
Au fond de la Caverne, des ombres s'agitaient…
Chevrette, sans le vouloir, s'était réfugiée…
dans la  Caverne de Platon !

Mardi 4 octobre 2005 à 9:04

  suite du conte n°2 (28 Septembre) …


René Descartes haussa les épaules, méprisant !
« Je commence à croire que vous avez raison, Sigmund ;
Nous rêvons ! Un animal qui parle, jamais entendu cela !
Ces êtres ne sont que de merveilleuses mécaniques divines,
Que commencent à disséquer les scalpels de nos chirurgiens
Pour en découvrir les secrets, mais incapables de penser ! »
Sigmund Freud fut plus gentil ! Se penchant sur moi, il me dit :
« Hélas non, chevrette ! Tu as beau avoir comme moi une barbichette
Sur mon
divan, je ne pourrais t’inviter ! tes chevrotements, je ne saurais
Les
interpréter, ce ne sont point rêves, seulement cris instinctifs ! »
Et mes 2 illustres auteurs de s’éloigner, tout à leurs savantes discussions…
Me retrouvais esseulée, sur un talus de la Voie Lactée !

Soudain, un galop lointain ! Une étrange créature, mi-homme mi-bête,
S’arrête devant moi : je reconnais le
Sagittaire,
ce Centaure des mythes grecs,
Corps de cheval, poitrail et tête d’homme, puissant et brandissant son arc !
Petit détour astrologique : Maud96 est née sous le signe du Verseau, et, si vous vous rendez ici  ,
vous apprendrez , diagramme astrologique à l’appui, que:
« 
La structure Verseau-Sagittaire est chaleureuse, ouverte, sympathique. »
pas étonnant donc si , Sagittaire et moi, çà a tout de suite « collé » !
« Que fais-tu ici,  petite chèvre ? toute seule ? »
« Sagittaire, toi qui es mi-homme mi-bête, toi seul pourras me répondre !
Car les philosophes m’ont déçue:
Les animaux ont-ils un esprit ? »
Le Sagittaire éclata d’un grand hennissement rieur !
« Montes sur mon dos, petite chèvre, tu auras ta réponse ! »
Je montais sur le dos du Sagittaire; d’un grand galop, au loin,
Tout au long de la Voie Lactée, il m’emmena…
Dans la poussière d’étoiles nous jouâmes à des galipettes,
Ce n’est pas comme 2 articles en-dessous,
le pix de la pub « Jean » de Klein !
De jeans, n’en n'avions point ! ! !

CARRE BLANC !

Conclusion "philosophique" de la petite chèvre :

Elle ne sait toujours pas si les animaux ont une âme !
Mais ce qu’elle sait, c’est que les animaux savent aimer !

La suite au prochain conte …

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