Trop effondrée de fatigue, depuis 2 jours, pour écrire sur mon
blog…

Trop envie de me coucher souvent… Les séances de rééducation  me tuent…

Mais je veux pas « céder »… Le gamin au jerricane, avant-hier, à côté
de moi,

Etait si « fort » : j’aurais eu honte de me laisser aller devant
lui !

(voir
2 articles avant : « l’enfant au jerricane »… On
est complices, maintenant !)

Alors, je lis :  3
livres « en route » en ce moment :

Un
pour maintenir mon anglais :

 Frank Conroy,  « Body
and Soul » (trad. Franç. « Corps et Ame », Folio,
Gallimard 1996) :

A New York, la montée irrésistible d’un enfant musicien prodige issu du ghetto
noir.

Un
(parce qu’il est « petit » et format poche, pour la salle d’attente
de Kinési) :

Marc
Lévy, « Et si c’était vrai »…

Je veux connaître cet auteur dont tant de blogs parlent…mais méfiante :
effet de mode ?

Un…
parce qu’il me prépare au bac,

 et alimente mon moulin imaginatif pour
ma catégorie « contes philosophiques » :

 Objectif Bac, L/ES/S, Fiches détachables de Philosophie, chez
Hachette… Hem ! !

Me donne trop envie de transformer en petits récits humoristiques ce qui est au
départ ch***t !



Et puis hier, parcouru quelques blogs,

pour poser quelques « crottes » (=coms) là où j’en avais envie.

Pas de pot ! pour débuter, j’ai « chuté » au fond d’un égout
de  pessimisme :

Un blog où la meuf en 7 pages de blog réussit à jouer 3 fois le coup…

de l’annonce imminente de son suicide !

Pix de la 3^ème fois : le poignard dans la bouche, direct !

Vivement qu’elle chope une maladie génétique, cette meuf !

Comme çà, elle appréciera peut-être le miracle de la vie !

(Na, je suis trop cruelle, je manque de psychologie, sans doute!)

Mais aussi, pour ma joie, tellement d’autres blogs courageux

Où les déprimes ne se masquent pas, mais où l’optimisme voulu

Finit par triompher… où la poésie tue le quotidien terne,

Où les couleurs tuent la grisaille et transcendent le réel…

Pourquoi fait-on un blog ? Pour mendier la pitié ?

(déjà, je déteste qu’on me l’offre… alors la mendier !)

Ou pour aider les autres, ces lecteurs inconnus,

A vivre eux aussi dans une expression affranchie,

Libérée des rigidités des D.S., proche du petit coup de folie.

00, petites folies des blogs, que je vous aime !



En
attendant, l’ambulance vient me chercher tout à l’heure

Pour encore 2 heures d’effort intensif, et va falloir que je tienne...

Jambes en coton hydrophile superouaté !

En Pix, le compteur de temps sur la jaquette du bouquin de M. Levy
: moi, c'est "7 semaines
de                  
convalescence... pour une année de term normale!"

Salle d’attente : je suis la seule de moins
de 18 ans

Les 6 autres pourraient être mes parents… ou
grands-parents !

Ouf, arrive et s’asseoit, à côté de moi, un
garçonnet

Classe de 5^ème, 10-12 ans, j’sais pas,
tout pâle et maigre

En Tee-Short, pantalon survêt et pantoufles.

De dessous son Tshort, un tuyau accordéon sort

D’un gros pansement sur le côté de la poitrine…

Et au bout, ce jerricane de 3 litres,
transparent,

Tout bizarre, avec pastilles et compartiments,

Qu’il tient à la main ou pose par terre à côté de
lui

Scotché à ce jerricane, pire que des boulets au
pied.



5 minutes encore à attendre avant qu’on nous appelle

Je lui souris, il me sourit ! Rassurés d’être au moins 2
« mineurs »

Au milieu de tous ces « majeurs ».

On nous appelle, on nous «harnache »,

Ceinture magnétique autour de la poitrine

Brassard de prise de tension autour du bras.

Son vélo est à côté du mien, mais mon vélo est une
sorte de girafe

Son vélo ressemble plus à une auto-tamponneuse

Siège-baquet, écran vidéo… boutons,

Mais dans les 2 cas, l’aiguille et le 60
tours-minutes

A maintenir impérativement, tout au long des
¾ d'heure

Et on démarre, devant nous, un pacemaker nous
indique notre rythme cardiaque

Démarrage à 91…. Je terminerai à 107 ! En
gros, mon petit voisin et moi

Auront les mêmes rythmes à annoncer toutes les 5
minutes,

A la dame, devant nous, assise devant sa longue
table,

 avec plein
d’écrans et de gros chronos. D’un coup de télécommande

Orienté vers le « vélo » de chacun, elle
augmente les « watts », le frein

Et donc l’effort… Au bout de 20 minutes,
l’EVENEMENT !

Un monsieur âgé tombe dans les pommes, nez sur son
guidon !

Infirmières et cardiologue se précipitent, fini le
vélo pour lui !

Nous on continue, je « tiens », j’ai pas mal aux jambes, non,

Mais aux fesses, selle trop dure et je
découvre, trop tard,

Que derrière moi des petits coussinets en mousse
m’attendaient !

« Bizutage ! » me dit en
rigolant la kinésithérapeute, «  la prochaine fois tu sauras !»

(Et à qui il faut dire merci ?)

« Fin de l’exercice ! Ne pédalez
plus !» …Nos jambes, en coton, pédalent tout seul

Entraînées par le gros volant de fonte du vélo.
Retour à la salle d’attente.

Mon petit copain m’apprend que le jerricane, c’est
pour faire couler

Des liquides de sa poitrine : il a les
enveloppes des poumons et du cœur infectées.

Il remontera dans son service, quelques étages
plus haut.

Pour moi, suite des exercices sur «tapis », brassard d’1kg 1/2 à chaque cheville

+ une haltère de même poids à chaque main, Debout, couché, assis, à quatre pattes…

A un mouvement « couché » de torsion de
l’épaule droite sur le genou gauche

Je pousse un cri ! Douleur à droite, dans la
poitrine…

On se précipite, on me fait asseoir…

Apparemment, je suis la seule «sternotomisée » du groupe…

Mouvement de trop ! j’ai eu très mal cette nuit

ai cherché au fond de mon lit « la bonne position »

et ai pensé à l’enfant au jerricane qui avec ce tuyau sortant de sa poitrine,

lui, ne peut même pas se retourner dans son lit !

Plus que 17 "séances"... Crevée !

Passé «test d’effort » hier…
Moi, cycliste de « longue date » (mdr !)
Sur leur vélo spécial, avais plutôt l’impression de bien m’en tirer
Les yeux rivés sur le cadran ! « Reste entre 50 et 60 ! »
J’ai tenu, presque une demie-heure, ont dû m’arrêter
Pck papier épuisé sur l’imprimante EEG !

La question qui me brûlait les lèvres :
« Je peux faire du vélo maintenant dehors de chez moi ? »
Réponse du cardiologue : « Non, pas encore, tu es trop maigre !
Mais de la marche à pied, tous les jours, 2 kms ! »
La marche à pied, en ville, çà me fait ch**r ! Trop lent,
Pas assez de paysages, des murs à longer qui n’en finissent pas !

Et le pire, c’est que du vélo, je dois en faire une heure par jour
Dans leur local de Kinési, à partir de Lundi, un mois,
3 fois par semaine, dans un local blindé sans air frais
Sur des vélos bidon, rivés au carrelage, la torture surveillée !

Bref, seulement bonne à jouer les filles ultra-plates
Pour les pubs de jean de Klein, et encore…
A condition que le torse du mec soit collé au mien
Et mon Tshirt assez long !
… pour qu’on voit pas ma cicatrice ! Beurk !
Alors, je cherche menus bien gras… qui fassent grossir !



P.S. (le lendemain) : sans faire exprès,
j'ai ouvert la boîte aux horreurs : lisez les coms ici à côté... ne
serait-ce que pour savoir ce qu'il ne faut pas manger... si vous ne
voulez pas grossir ! Si voous avez encore pire comme recettes, mettez-les en com. Et moi... hier, je me suis creusé la tête pour
savoir où, dans une grande ville, on trouve de...LA GRAISSE d'OIE ?
mdr...

(rêves érotiques d’une planche à repasser ! )

Suffit
les engueulades, faut que je me discipline !

Je suis surveillée, épiée de tous les côtés,

par tous les orifices de mon immeuble !

Le toubib de la famille, l’autre jour, qui me suit depuis le début,

Furax : « Jamais l’hôpital
n’aurait dû te lâcher !

A force de vouloir faire des économies, ils deviennent fous à la Sécu ! »

(Moi qui en avait marre de faire des marches forcées dans les
couloirs de l’hosto !)

Le pharmacien : « Déjà dehors !
félicitations, mademoiselle, mais pas très normal çà ! »

Le Labo, où je dois faire la prise de sang 2 fois la semaine, à 500 m.
d’ici :

« Hier, le 
Previscan, vous avez pris ¾ de pilule ou ½  pilule ?» :

tête de chevrette ignare !

Et ma voisine qui m’a vu sortir Jeudi avec le vélo, histoire pour moi
d’essayer

Si je pouvais pédaler , la poitrine « raide » : la chasse de mes parents le soir !

Et sa fille, mon âge, en term comme moi, qui s’y met aussi :

« Qu’est-ce que tu fais encore dehors Maud ? »

A l’hosto, y avait une surveillante de service qui me
faisait la chasse…

Ici, chez moi, j’en ai bientôt 10 !

Le pire, c’est qu’ils ont tous raison !

J’ai diminué les comprimés d’AntiAlvic,

Parce qu’à dose trop forte, ils m’empêchent de « sentir » la douleur,

Ils éteignent ma vigilance, me trompent sur la cicatrisation…

Et vite sans eux j’ai senti en effet que le cœur, et la poitrine,

Disséqués par le scalpel, font encore mal…

D’ailleurs sang et lymphe sur ma grande cicatrice, en bas…

Faut que je change le pansement chaque jour

Pas sortie dehors depuis 3 jours, pck gros coup de fatigue, dû à mes
imprudences…

J’ai voulu jouer le grand air de Lazare Ressuscité… et suis flapie !

Pas le moment de bousiller le travail de Grand Loup Blanc et de ses acolytes…

Je m’en voudrais trop, moi qui leur dois trop…

Dont ce plaisir infini et reposant, malgré le « boucan »,

De me coucher et d’entendre immédiatement, la tête sur l’oreiller,

Ce bruit puissant et rassurant de piston, dans ma poitrine, qui bat

Comme un métronome…. Si rassurant qu’il m’aide à présent à m’endormir…

Comme une berceuse !

Oser
faire du vélo à J+13, 13 jours après t’être faite ouvrir la poitrine,

Maud, tu déconnes !

arrête ton char ! ton boulot, c’est ta convalescence

Et c’est un boulot sérieux !

Je suis sortie vivante de l’hosto, je ne suis pas morte, niark, niark !
Bon, les yeux encore vitreux, les cornes toutes molles,
la petite chèvre remercie ici le Grand Méchant Loup
Qui « semble » l’avoir sauvée ( semble … parce que pas encore gagné)

Depuis 2 jours, je suis rentrée du monde blanc,
revenue dans ma petite chambre…
Surprise ! à l’hôpital, où les portes sont toutes ouvertes
Et les couloirs plein de monde qui passe (en blouse blanche évidemment !)
Je l’entendais pas ! Ici, seule chez moi, je l’entend !

Quoi ? …. Ce bruit énorme dans ma poitrine… comme un gong,
Tellement fort que debout si télé et radio se taisent chez moi,
Je peux compter mes battements de cœur sans prendre mon pouls
Et que j’en ai plein les oreilles la nuit avant de m’endormir sur le matelas….

70, 80 fois par minute, toute secouée par cette machine
qui cogne dans ma poitrine…. Un tuyau de Kevlar terminé
par une soupape en fibres de carbone…
ma nouvelle artère aortique et sa valve…

Toubibs très contents et fiers, parce que 4 jours après l’opération
La petite chèvre « gambadait » dans le couloir (120 mètres de long !)
du service, et taquinait les infirmières et aide-soignantes !
Seule de mon âge, entre 3 et 24 ans…3 petits garçons de moins de 3 ans,
Et le plus proche de moi, un jeune italien de 24 ans…
Qui venait se faire « changer » sa valve pour la 3^ème fois depuis ses 14 ans !
Tous les autres de plus de 50 ans…., jusqu’à 80 ans
Et ceux que je n’ai pas vus…. Qui ne remontaient pas du « bloc »
Parce que amenés par le Samu ou les pompiers en urgence et trop tard….
Ce qui aurait pu m’arriver…
Maintenant, il y a ce bruit énorme dans ma poitrine qui me rassure un peu…

Pas fière évidemment devant ma glace !
Cette grande estafilade, toute boursouflée, de 20 cm de haut en bas
Entre ce que je voudrais être des seins,
Et les deux méchants trous en dessous,
Ces drains que j’ai gardés 4 jours et qui faisaient si mal,
Malgré la « pompe à morphine » entre mes doigts…
Paraît que çà va s’arranger avec le temps…

Voilà, je vous ai dit le plus gros,
à vous tous qui m’avez exprimé des mots si gentils…
Donc, je m’en suis sortie ! rassurez-vous, rentrez les mouchoirs
et jetez les fleurs (Il n’y en aurait pas eu de toute manière
parce que j’étais allée AVANT  devant le procureur donner mon corps,
pour le cas où çà aurait mal tourné…)

Aujourd’hui, j’ai marché dans la rue, près de chez moi,
A l’heure de retour du lycée… Nostalgique…
Parce que c’est pas « fini » : encore 1 mois de soins
« en ambulatoire », çàd  3 fois la semaine
l’ambulance qui vient me chercher pour une journée à l’hôpital…
et les 5 sortes de médicaments (10 comprimés) chaque jour
et tous les « interdits » : pas éternuer, pas tousser, pas soulever de poids
pas ceci, pas cela… pendant au moins un mois…
et donc pas le droit de mettre mon sac à dos pour aller au lycée
(qui veut pas encore de moi, de toute manière, trop risqué !)
Mais je crois que la « conspiration » autour de moi s’organise…
Merci d’avance aux 29 de ma classe de term…